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dimanche 21 juillet 2013

sans retenue!

Pleure, ris
dans le petit matin

ah bel  roseau
du petit chemin

avec le vent malin

sans retenue!

Aujourd'hui

 cahin-caha

 Poète

je te coupe

sans retenue!

Riez, pleurez
dans le petit matin

Abel  roseaux
du petit chemin

avec le vent malin


sans retenue!

Demain

Caïn aka

Poètes

vous me couperez

sans retenue!



vendredi 19 juillet 2013

prisonnier

Juillet

Rochefort

Potager du Roy

Soleil
derrière les grilles
Tour du Port

Juillet

Rochefort

Potager du Roy

Roses trémières
derrière les grilles
ciel bleu pastèque

Juillet

Rochefort

Potager du Roy

je m'éternise
quelques secondes
je t'éternise

ce soir

Potager du Roy

de toi
prisonnier
de moi


 Poète!









Aplon!

Dans la tribu, dans la tribu sauvage

l'on peint, l'on dessine, l'on chasse, l'on enterre, l'on prie

dans la tribu, dans la tribu sauvage

l'on pleure, l'on rit, l'on tue, l'on vit

dans la tribu, dans la tribu sauvage

l'on a sa place et on la garde

dans la tribu, dans la tribu sauvage

tous sont heureux

au coin du feu....

sauf le plus jeune des fils du chef

toujours à l'écart des autres

sauf le plus fragile des fils du chef

à chasser
impropre
à se battre

sauf le plus fragile des fils du chef

incapable de suivre la tribu, la tribu sauvage

sauf le plus beau des fils du chef

qui a si peur de la mort
dans
la tribu, la tribu sauvage

et cela attriste sa mère
et cela fait rager son père
et cela rend jaloux ses frères

tant de soins pour une bouche inutile

sauf le plus fragile des fils du chef

qui ce matin

s'est écarté des autres

qui ce matin

s'est mis à l'écart

qui ce matin

écoute

le chant des petits oiseaux
tristes
comme lui
le chant des petits oiseaux
enjoués
comme lui
le chant des petits oiseaux
en vie
comme lui
le chant des petits oiseaux
menacés
 comme lui
le chant des petits oiseaux
agonisant
tués
râlant leurs derniers souffles
comme lui
un jour

avec attention!

Ah

il est comme eux
et
ils sont comme lui

et

il les imite
ce matin

et il transcrit
leurs larmes
et il transcrit
leurs rires
et il transcrit
leurs langues

à midi

lui seul

le soir

par des chants
depuis
au coin du feu
par des vers
depuis
au coin du feu
par des épopées
au coin du feu
par des chants mélancoliques
au coin du feu
par des rimes parfois stupides
pour rire

lui seul

métamorphosé

tour à tour
gracile moineau
ou menaçant rouge-gorge
ou fier aigle
ou roi paon
ou phénix des bois
ou
chardonneret
éternel mélancolique

lui seul

craint
maintenant
sacré

dans la tribu, la tribu sauvage

et

depuis

son nom est transmis
de génération en génération
de Poètes

et

depuis

comme nous
il tente de dompter, d'amadouer, de distraire
comme moi

la tribu, la tribu sauvage

et

c'est lui qui a inventé la Poésie

et

j'essaie de l'imiter
modestement
j'invente

et

je vais vous dire
 le secret
quand même
je vais vous révéler
son nom

même si c'est un secret

et

 les oiseaux
l'aiment
les Poètes
l'aiment
dans toutes les langues
son doux nom
dans la tribu, la tribu sauvage
il  était connu
sous ce nom

il y a des millénaires

on l'appelait


Aplon!




jeudi 18 juillet 2013

Alexis, Alexis, Alexis... Aliocha!

 Nice

enfer
40 degrés à l'ombre
yeux figés

Alexis

descente du Parc Impérial

Boulevard du Tzarewitch


sur ses pas
la neige de l'été
salée
sous mes pas
les feuilles de coquelicots
 fanées
sous mes pas

je respire mal

une odeur de cyprès brûlé

je pleure

maudit destin des Romanov
pauvre Alexis
en sang
maudit
mois d'Octobre
pauvre Alexis
en sang
maudit
Dieu ogre
pauvre Alexis
en sang
maudit
Tsar Lénine
pauvre Alexis
en sang
maudit été
pauvre Alexis
en sang
maudite Révolution
pauvre Alexis
en sang...

O

le ciel
 rougeromanove
 tout ce soir
écarlate
la coupole de l'église orthodoxe
  ce soir
le ciel rougeromanove
tout ce soir
écarlate
la façade du Parc Impérial
ce soir.....

et tu te caches en vain
fantôme
dans la lumière crue
de la toundra en feu
qui envahit
Nice

ce soir

et tu te caches en vain
Alexis
dans la lumière crue
de la toundra en feu
qui envahit
Nice

ce soir

Alexis

je te vois
partout

et

je te donne raison

pauvre Alexis
en sang

moi qui te porte
dans ce poème
Poète maladroit
pauvre cosaque
moi qui te porte
dans ces vers
rimailleur éclopé

 Boulevard du Tzarewitch
enflammé

je te donne raison

quand

à l'aube
tu me souffleras
demain
à l'aurore

quand
tu t'en iras
Alexis

avec le vent frais du matin

hanter un autre Poète

avec le vent frais du matin

en me laissant ton message
Alexis

-Une  idéologie

 ne   vaut   pas

Alexis

mort!


 Jamais!

Alexis, Alexis. Alexis...Aliocha!


vendredi 12 juillet 2013

Au bord du plongeoir



Au bord du plongeoir
l'on a mal au cœur
au bord du plongeoir
l'on tremble et l'on tremble
au bord du plongeoir
tout se brouille

et pas à cause de l'odeur chlorée

et

l'on entend les cris des écoliers
au bord du plongeoir
goguenards
et
l'a mal au ventre
au bord du plongeoir
froussard

-Ah les copains!-

et

l'on ne peut plus reculer
l'âme à nue
et l'on maudit

cet enseignant qui braille

si près

cette piscine
sur le moment
cet endroit

cette enseignante qui braille

si loin

ces instants à ma vie arrachés

 - Ah si j'avais oublié mes affaires à la maison! -

et

obéissant
finalement
docile
finalement
résigné


l'on saute et l'on prie et l'on saute et l'on déteste  ce moment

et

obéissant
finalement
docile
finalement
résigné


l'on saute et l'on prie et l'on saute et l'on déteste encore plus ce moment



l'entrée dans l'eau
hyogaement
.les larmes sous l'eau!

O

quelle idée de m'y ramener
Apollon
à cette piscine
quelle idée de m'y faire replonger
Apollon
ce matin
même pour un poème
à ta piscine bleue

je tique!

C'est vrai

je tremble toujours sur le plot

Apollon

chaque poème est un bord de plongeoir
avec toi

je prends toujours mon élan

Apollon

chaque poème est mon défi quotidien

la tête sous l'eau

et je te maudis bien
cruel dieu
pendant qu'au bord du plongeoir
je reprends demain  ma place
Poète

et

le feu dans les cheveux
 je te bénis bien
gentil dieu
en quittant ta piscine
je m'émerveille et je ris
merci pour ta perche
je te remercie
pendant
 je  te récite
ce matin

.................................
Au bord du plongeoir
l'on a mal au cœur
au bord du plongeoir
l'on tremble et l'on tremble
au bord du plongeoir
tout se brouille
................





mercredi 10 juillet 2013

Tais-toi aussi serpent Apollon!

Ah

c'est le début

triomphants

les sept anges
sonnent
les sept trompettes
résonnent

triomphantes

c'est l'Apocalypse!

Ah

c'est la fin

radieux

les sept anges
sonnent
les sept trompettes
résonnent

radieuses

c'est l'Apocalypse!


Et

 hagards

les morts
se lèvent
et
les marmots
se relèvent
et
les vieillards
se soulèvent

et se guident

affermis
enfin
heureux

au Verbe divin
aux  salvateurs mots
à la voix miséricordieuse!

Et moi aussi
je secoue aussi ma poussière!

Et moi aussi
j'abandonne aussi lyre et fanion!

Et moi aussi
je redécouvre aussi un ciel bleu!

Et moi aussi
je m'émerveille aussi de la beauté!

Et moi aussi
 ébloui j'abandonne aussi Apollon!

Et moi aussi
aveugle vieillard

je me laisse guidé

aussi

à fur à mesure des pas
rajeuni
à fur et à mesure des vers

aussi

par l'hôte divin!


Paix; paix enfin!
Chantent les anges!
Le Paradis, le Paradis enfin!

.....
chante aussi le Tentateur!


Plus jamais, plus jamais de sommeil!

Las!.....

Plus jamais, plus jamais de rêves!

Las!....

Plus jamais, plus jamais de Poésie!

Las!...

Tais-toi aussi  serpent Apollon!








vendredi 5 juillet 2013

mon hôtel de Madagascar

Il est un joli  hôtel
très loin
dans une grande île
très loin
dans un presque continent
il est un hôtel

joli

et

chaque nuit
je le visite
chaque nuit
je le visite

je souris



et


chaque pièce
chaque pièce
j'en inspecte
les éléments

en soupirant d'aise

qu'il est beau mon hôtel

je ris

et

chaque nuit
sous un figuier des banians
de loin
je savoure
son spectacle
son spectacle
je savoure
de loin
sous un figuier des banians

à l'autre bout

du parc

ébloui

et

chaque nuit
respectueusement
j'accueille
mes hôtes si turbulents
mes hôtes si turbulents
j'accueille
respectueusement

mes rois lémuriens

ravi

et

chaque nuit
je chasse
le papillon
exotique
le papillon
je chasse
pour le libérer

tout de suite
sans le blesser
dans le grand fumoir

de l'hôtel

mon papillon

maudit


et
chaque nuit
je rêve
sous les palétuviers
s'y pardonner
bon
Mauvais
mauvais
Bon
s'y pardonner
sous les palétuviers

les amis retrouvé
les frères retrouvés

mais las
mon rêve n'est qu'un mirage
et je pleure
mon rêve n'est qu'un mirage
un si joli mirage
et je pleure
ma folie
et je pleure
une folie

qui me hante
chaque nuit
qui me hante

-parfum de vanille!-

mon hôtel de Madagascar

Poète!

jeudi 4 juillet 2013

Zonas de SARDE!

Ah

dans mil ans
mes poèmes
plus que des cendres de papier
grises
dans mil ans

pleurait
ce matin
sur les bords du fleuve lent
pleurait
ce matin
près des roseaux du Nil rouge

le Poète!

Ah

dans mil ans
mes larmes
plus que des cendres de papier
 grises
mes rires
dans mil ans

pleurait
ce matin
sur les bords du fleuve lent
pleurait
ce matin
près des roseaux du Nil rouge

le Poète!

Et

 rien ne le console
ce matin
le Poète

même pas les jolis matelots
ni les graciles abeilles d'Alexandrie
ni les grenouilles reines des nénuphars

rien ne le console

pas même le blond Apollon
ni les orientales Muses
ni les tristes milans

qui dansent autour de lui

tambourinant soleil!

Et

 rien ne l'égaie à midi et rien ne l'émeut
et il pleure et il pleure
encore plus
et
rien ne l'amuse à midi  et rien ne le fait rire

même pas la vue d'un petit enfant

malhabile
peinant à monter l'échelle
d'une barque
guidé par le nocher
plein de sollicitude
qui en a du coup posé les rames
sur une cruche d'argile

pas même la vue d'un petit enfant

qui pleure en voyant s'éloigner la barque
et son père sanglotant
aux bords de la rive

surtout pas à la vue d'un petit enfant

qui le fait
ce soir
composer
à minuit

en larmes

son plus beau poème
celui qui le fait entrer dans les livres de Poésie antique
sa plus belle oeuvre

celui qui me fait aussi pleurer
  son dernier soir
celui qui me fait aussi  pleurer
ce soir

son plus beau poème
celui qui le fait entrer dans les livres de Poésie antique
sa plus belle oeuvre

pour la postérité

et

 il écrit et Yourcenar traduit et je lis et chaque mot m'est une larme

du  grand Poète
de l'illustre
de l'homme


Zonas de SARDE!

------------------------------------------------

"Sombre passeur Charon, dans la noire vapeur
Du Styx, parmi les eaux blêmes, parmi les âmes,
Lorsque viendra l'enfant qui nous quitte aujourd'hui,
Sois bon, tends-lui les bras, lâche un instant tes rames.
Il est petit; il marche à peine; il aura peur,
Aide-le à grimper l'échelle étroite et rude,
Et pour le long, le froid passage de la nuit,
Place-le dans ta barque avec sollicitude."

Routine

Ah

routine

 tous les soirs

je m'endors

et je rêve et je songe et je songe et je rêve et je ris et je pleure

 et  je rêve

et je m'endors et je pleure et je  pleure  et   je songe et je ris


et je songe

et je ris  et je rêve et je rêve et et je pleure et je m'endors et je songe

et je ris

et je pleure et  je rêve et je rêve  et je m'endors et je songe  et je rêve

et je pleure

et je songe et je m'endors et je m'endors et je rêve et je ris


ma routine


ma journée!



mercredi 3 juillet 2013

les sureaux

MAI

ancienne voie de fer
de
Royan


valets infidèles

les sureaux me crêpent

le chemin!

Apollon 1er Avril mâtin!



Ami Poète

me dit

ce matin

le doux Apollon

me réveille
le terrible Phébus

entends moi

mon copain

prépare ta lyre

dehors
il fait beau

ce matin

et je vais t'aider

je t'offre le plus beau cadeau que je puisse faire
à un Poète

comme toi

romantique
à souhait

écoute moi

ce matin

je vais te souffler le poème le plus triste
les vers les plus douloureux

ce matin

dans la veine
de ceux

qui alanguissent
les châtelaines

mourir d'amor
les pages

pendent les larrons
pour
les vilaines

Ah

les pleurs
de
tes prédeceseurs

Musset
Sponde
Lamartine

seront

gaudrioles
pour les générations à venir
gauloiseries

à côté de ceux que je vais t'inspirer

ce matin

et ne me dis pas

faux modeste
que tu n'es pas à la hauteur
que ton luth est désaccordé

ce matin


je sens la même pâleur
la même mélancolie
la même tristesse

qu'un Romantique

malgré
tes jeux de mot
tes ris

tu te caches mal

Sigur Ros
enfant terrible
Mime ami!

Plus d'excuse!

Ah

je sais
insolent

Poète

que
tu as du talent

et ne rougis pas

même que tu veux être académicien
et tout l'Olympe en parle

si tu n'es pas présomptueux
héros
prends ton luth

ce matin

maintenant
compose!

Ah
je maugrée

et puis je prends
ma plume

et j'accorde ma lyre

ce matin

Apollon
maudit dieu

daouste moi!

Apollon
me regarde

et puis ensuite
il sourit

Poète

ce matin

quel jour est-on
aujourd'hui

ami Poète?

Ah

le calendrier
sonne

méchant

ce matin

1er avril

factieux!

ah non dieu blond
tu me fais

un Poisson d'Avril


et je ris de ta farce
dieu galopin

ce matin

ensoleillé
à Cognac

ciel bleu ancolie
souffle tiède
odeur du gazon coupé

et je pleure de ta farce

Poète
désœuvré

mélancolie
ce matin
blues


et je ne sais pas

ou te louer
ou te maudire

ce matin

Apollon 1er Avril mâtin!

Les petits enfants en SYRIE rêvent de GOLDORAK! Et de la route 7! Et moi aussi

Les petits enfants

en SYRIE

rêvent

de

GOLDORAK!




 Et

de la route 7!




Et moi aussi!

Rois Poètes Indignez-vous, rêvez!

Rois  Poètes


 Indignez-vous,



 rêvez!

Amandier en fleurs....

Amandier en fleurs



Tye Die
Chris Daoust

pleure



déraciné

arbre



Poète !

mardi 2 juillet 2013

mes apprentis Académiciens!

Ah

de toutes les formalités
académiciennes

je n'en crains qu'une

et
assez bizarrement

ce n'est ni l'habit
ni porter un uniforme
qui me rebutent

(j'adore

le Vert
les costumes
et porter une épée ne me déplaît pas

ami Lecteur!)


assez curieusement

ce n'est pas le Discours
non plus

bien préparée
la Cérémonie
passera

(et puis les Académiciens sont plus indulgents que nombre de blogeurs littéraires!)


Assez étrangement
ami lecteur

je redoute

la présentation à chacun des immortels

la visite!

Ah
j'en tremble

Godzilla
invité
chez l'Empereur
du Japon

balle de croquet

rouge
au milieu
d'un
gazon
vert pomme

je n'en dors pas la nuit

angoissé


d'abord il faut me faire faire
une carte de visite

mais cela je l'ai déjà traité dans un précédent poème
ami Lecteur tu me suis?

ensuite


il faut tout de même
lire leurs œuvres
avant d'aller les voir

c'est la moindre des courtoisies

et ami Lecteur
ils sont quarante

et chacun d'eux
possède
une caverne d'Ali Baba

d’œuvres
de textes
de discours
de livres

intéressants ou indigestes

à consulter!


Ensuite
il ne faut pas

les confondre

attribuer à l'un une oeuvre
de l'autre

se tromper d'Académicien

ne pas les vexer en étant trop petit ou trop grand

ces divinités sourcilleuses!

Ah

il me faudrait un mentor
en fait

un Académicien
patient

qui m'aide
qui me rassure
qui me console

un gentil mentor

un bon berger

qui me guide

( et ce n'est pas
sûrement
toi

Apollon

qui va m'aider

aujourd'hui
ou demain

paresseux dieu!)

un compatissant Maître Jedi

comme moi

je souhaiterais
un jour
Académicien

l'être

un Victor Hugo

qui encourage
qui émule
qui protège

ses apprentis Académiciens

un Victor Hugo

qui encourage
qui émule
qui protège

mes apprentis Académiciens!

le berger corse est passé Poète!

Bastia
neuvième étage

Soleil couchant

Éclats de rire
Mains qui tapotent les barreaux du balcon!

Enfants écoutez!

Chut!

Le berger corse arrive!


Moutons
au loin

18 heures

moutons
au près!

Donguedong!Donguedong!Donguedong!
Donguedong!Donguedong!
Donguedong!

Donguedong!

Moutons
au loin

18 heures

moutons
au près!

Gonddegond! Gonddegond! Gonddegond!
Gonddegond!Gonddegond!
Gonddegond!

Gonddegond!

Ça y est
enfants

le berger corse est passé

Poète!

Le chemin d'Eze!

Pauvre Nietzsche

tous les jours
tu te fais la montée
la descente d'Eze
par un petit chemin
serpentant la montagne

et tu peines
et tu as chaud!

Ah

pourquoi t'infliges tu cette torture?

Tu pourrais
comme moi
rester à paresser
des heures sur la plage
à regarder les jolis pécheurs bruns
se battre contre la nature
à lutter contre le filet
ou chez toi

gemütlich

tu serais tellement mieux

à manger
un croissant
aussi blond et doré
que le jeune boulanger

à le tremper dans du lait chaud
à le tordre
à le décapiter
à l'émietter
en soupirant
amoureux
mollement
au troisième tome de ton Zarathoustra!

Las

tu n'es pas

moi

et des milliers de jeunes gens
de touristes
et
moi

nous te maudissons!

Disons
que
tu es fou à lier
à faire
ces dix kilomètres tous les jours!

Et

Nietzsche

surtout

ne me parle pas

du ciel pur
du soleil
de la mer blanche!

Ah

philosophe


tu ne sais pas me prendre

si
tu étais malin

tu me parlerais
plutôt
du joli berger
aux yeux liseron mauve
qui joue du pipeau

pour son sourire

je le ferais

alors


bien


ton chemin d'aise


pour son sourire


je le ferais

alors


bien


heureux Nietzsche


ton chemin d'Eze!

"Minuit! Je me réveille! Johnny gare sa voiture!"

Ah Poète, me dit un lecteur, plutôt que de bêtifier dans tes rimes, pourquoi rimailleur insolent n'écris-tu pas un roman? Tu seras certain au moins de t'établir une rente Léo Taxil littérateur, au moins tu seras invité au Festival de Littérature de Cognac et pourra y briller enfin ton bavard babil, au moins tu pourras prétendre avec plus de sûreté à un fauteuil à l'Académie Française, goupil Homme de Lettres!


 Ah gentil lecteur, j'ai entendu ta complainte, j'aime ta sollicitude mais écoute! Si je poétise, ce n'est pas sans raison! Entends mon histoire!

 Ah, je me souviens de mes premiers essais littéraires à 13 ans, entre un dessin animé larmoyant, un triste Wattoo Wattoo et une énième punition en Maths, un théorème à recopier cent fois, une sombre histoire de triangle rectangle ou une abominable propriété remarquable, ma mémoire se refuse, j'avais brusquement décidé d'écrire une œuvre, un roman et déjà je voyais mon nom briller dans les cieux de la Pléiade et sans aucun plan, à l'aveuglette, j'avais écrit maladroitement cette phrase et je te la livre telle quelle, elle me reste dans mes souvenirs "Minuit! Je me réveille! Johnny gare sa voiture!" Et ensuite, plus rien, je me désespérais, aucune inspiration, Apollon me tirait la langue et je me languissais et je priais le dieu, développe moi! Mais rien du tout,  Phébus avait filé et me laissait à ma punition et je pleurais et je le maudissais!

 O pourtant, gentil Lecteur, j'étais bien ingrat, je n'avais rien compris et avec moi réfléchis à cette simple phrase, tu y verras vite la patine poétique! Je te commente, Minuit, (l'heure qu'affectionne Maurice CAREME, entends avec moi rire les elfes, regarde danser les sorcières de Goya, tremble et cache toi Macbeth arrive!) Je me réveille (l'instant romantique) Johnny (le détective du roman noir, un jeune en cavale et qui a volé un véhicule, un cadre dynamique..?) gare (idée de mouvement dans une phrase labile, retour paisible du travail ou danger en filigrane, que vient-il faire?) sa voiture (imagine la avec moi cette voiture)! Apollon me montrait le chemin et j'avais fi de son aide et je lui en demande pardon aujourd'hui et je ne l'ai comprise qu'hier en méditant sur ta question, gentil Lecteur ,cette phrase qui n'a jamais abouti à un roman, me voue Poète à vie

 "Minuit! Je me réveille! Johnny gare sa voiture!"



"Minuit!


Je me réveille!


Johnny
gare


sa voiture!"


Michel Tournier

Ah

gentil lecteur de mes émois
mon Lundi

adorable liseuse de ma peine
mon Mardi

insupportable déchiffreur de mes rébus
mon Mercredi

patient fan de mes enthousiasmes
mon Jeudi

révolté fidèle de mes passions
mon Vendredi

curieux de mes oeuvres académicien
mon Samedi

glorieux Soleil chômé
mon Dimanche

ne partez pas
au début de ces vers

restez

ne refusez pas ce poème
dédicacé
à votre attention!

Ah

ne rejetez pas ces mille lys
que je vous adresse

mes amis

ne mettez pas les doigts dans les oreilles

mes Yys

lassés

d' entendre
de nouveau

un air
trop triste

Mime pleurs

ou trop joyeux

Castafiore trémolos!


Ecoutez
encore

donc

mon chant
du cygne

et

ne vous alarmez pas de mes airs
langoureux

Poète sirène

et

ne soyez pas sourd
à ma musique
Delphes
à mon violon
elfe

je ne suis pas méchant
Roi des Aulnes!

Ah

je vous aime tant

mes découvreurs
Robinson
mes explorateurs

et

tous les jours
en votre honneur

je pavoise

mon petit royaume
ma petite Ile d'Elbe
mon refuge

pour vous


et je mets le deuil
et je pleure

sans vous!

Ah

que ferais-je encore plus

pour vous entraîner

mes gémeaux
mes météores amis

Saint Christophe

pour vous aider?

et inlassablement

je chante

heureux de vous accueillir
mes copains
à la fin de ce poème
triste de vous voir partir

et je ne suis pas ingrat

je remercie Apollon

et

je prie le dieu

et je vous prie

lecteur, lectrice
mes nices, mes quotidiens visiteurs

continuez à m'inspirer
encore longtemps

je vous suis reconnaissant

Michel Tournier


 Poète!