mon enfant
je me tiens devant toi
mon fils
et que vais-je te dire
j'hésite
comment vais-je te l'annoncer!
Ah
frappe moi, mords moi
ta mère est morte hier
et tu trembles
et tu as froid
et je tiens ta main
et j'ai peur!
Ah
frappe moi, mords moi
tu me regardes confiant
et tu ne te doutes
de rien
et c'est vrai
aujourd'hui
que je suis lâche
et
muet
père
j'évite tes yeux
mon enfant
et moi aussi
je tremble
et j'ai froid!
Ah
frappe moi, mords moi
jusqu'au sang
n'étouffe pas tes sanglots
tout à l'heure
ta mère est morte
et les mots ne me viennent pas
et je crains
plus rien ne te consolera!
Ah
frappe moi, mords moi
nous ne l'oublierons pas
nous irons
tous les jours
fleurir sa tombe
de violettes
lui parler tendrement
déguster avec elle
des macarons
mignons
ceux qu'elle adorait
boire avec elle
du vin
celui de Samos
celui que l'on verse
à terre
païen
contempler
les fourmis
celles que les enfants torturent
ivres de soleil
caresser le chat
celui qui
s'étend et ronronne
Bon Samaritain
gentil félin
et je te laisserai pleurer
et je tournerai ma tête
en faisant mine de regarder
là bas
Bastia
au loin
la mer et le ciel qui azurent
au col de Teghime
le canon qui brille!
Ah
frappe moi, mords moi
tout à l'heure
révolte toi
contre le porteur de mauvaises nouvelles
tout de suite
contre le destin
contre ton père
contre moi
le Poète
qui avec toi
pleure
gémis
mon fils
frappe moi,mords moi!
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