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jeudi 21 décembre 2017

Espérance!

Épargné de la colère de l’Éternel
Dans la neige nucléaire

 Dort 
Sous les graviers 

Repose
 Dans la terre inconsolée 

S'enracine 
Minuscule pour l'instant 

Prend des forces
 Un jour roi florissant 

Germe

 Un noyau d'olivier.

 Espérance!

vendredi 15 décembre 2017

Candidature pour le fauteuil Neuf, le fauteuil Alain DECAUX




DELAPORTE                                                              A Pons, le   15/12/2017                          
Yves-Denis

Mon blog

A Madame le Secrétaire perpétuel
A Mesdames et Messieurs les Académiciens

                                 J’ai le grand plaisir et l’honneur de soumettre ma candidature  à l’Académie française pour le fauteuil Neuf, le fauteuil Alain DECAUX.

Préférant SPARTE à ATHENES  et adorant le Neuf- ainsi qu’Alain DECAUX-  je vous adresse ce petit poème laconique


« Neuf amuse neuf muses!

Neuf - ah muse Neuf! Muses! »
 

Je me tiens à votre disposition pendant les vacances de  NOËL  pour toute visite que vous consentiriez à m’accorder   et suis, Madame le Secrétaire perpétuel, Mesdames et messieurs les académiciens votre fidèle serviteur.


                           DELAPORTE YD
                           X

Le texte de mon courrier se trouve sur mon blog, comme d’habitude.

mercredi 13 décembre 2017

Montesquieu.



Ah vous dirai-je
Grand-maman
Qu’ils sont bons, qu’ils sont bons
Ces cannelés
Bonne maman
Au caramel
Crénelés
Je les prends d’assaut
Ces donjons
Hardiment
S’exclame
L’enfant
Avide
Les engouffrant un par un…

N’en prenez pas tant
Vous allez attraper mal
Le gourmande sa grand-maman.

Meilleurs que des calissons
Ou des macarons
Par Apollon.

Se réjouit l’enfant

Retournez maintenant à vos études.
C’est fini
Et sur ces paroles
La  mère-grand range
Les précieux gueuletons sucrés.

Encore un
Ils sont bons
Moi je dis que ces bonbons
Valent mieux que la séparation des pouvoirs
Lâche l’enfant gourmand.

La séparation des pouvoirs
S’interroge la mère-grand
C’est quoi ?

La séparation des pouvoirs
Cela ne rime pas avec bonbons
Pense un Poète
Invité à cette réception.
Et si j'en faisais une chanson
Avec raison?

La séparation des pouvoirs
Pourquoi ai-je dit 
Un jour cela 
cela
Enfant
Brode  l'écrivain devenu grand
Toujours
A sa table
Un plat de cannelés
Une plume et un encrier
A  l'aube éclairante
Écrivant

Montesquieu.

lundi 11 décembre 2017

Joyeux Noël ici, Joyeux Noël là bas!

Moi 

j'y vais

 A la main droite 

Ma lyre

 J'y vais

Deux  poissons 

A la ceinture 

 J'y vais 

Guidé par l'étoile

 Sur les épaules 

Un bélier

 J'y vais

 A la main gauche 

Deux  beignets à la fraise

 Et une toupie 

Pour le petit 

Dieu 

J'y vais 

A Bethléem

J'y suis... 


Joyeux Noël ici, Joyeux Noël là bas!

mardi 5 décembre 2017

Les altesses N'ont pas de frontières.

Altesse 
Sur ta tombe 
Je mettrai 
Sur ta tombe 

Un bouquet de fleurs
 Fraiches 

Je déposerai 
Simplement 

Un bouquet humide

 Sur ta tombe 
Un bouquet de mauves 
 Sur ta tombe 

De nouveau 


Dans la Crypte des Capucins 


A Vienne....


 Ils l'ont oublié

 Les altesses


 N'ont pas de frontières.

lundi 4 décembre 2017

En face de toi!

A Verdun ou dans la Somme
Dans la froide neige
 Les flots chauds
 Font naître 

Mille prairies pourpres
Encore 
 Mille coquelicots ...

C'est NOEL 


Pleurent les soldats 


Où es-tu Dieu? 


- Là 
Vois 
A terre

 Il pleure


 En face 

De toi!

jeudi 30 novembre 2017

Les charmes de PONS



Les charmes de PONS

Je les compte ce matin

Au jardin du château.

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, neuf, douze, quatorze…

Où en suis-je ?

Je suis perdu dans mon labyrinthe arithmétique.


 Les charmes de PONS

Je les compte ce matin

Au jardin du château.

 Trente, un, deux, trois, quarante…

Où en suis-je ?

Je suis perdu dans mon labyrinthe académique.


Les charmes de PONS

Je les compte ce matin

Au jardin du château.

Mais en fait j’ai bien tort

A chaque fois

Les charmes de PONS

Je n’arrive jamais à les décompter
 

Ces jolis arbres

A l’aurore

Ou au soleil couchant qui dore

Le donjon de PONS

Je n’arrive jamais à les calculer

Ou plutôt je les calcule trop

Vingt, trois, onze, dix…

Encore déboussolé je suis

Ce matin

Dans mon labyrinthe poétique…



Les charmes de PONS

Je les compte ce matin

Au jardin du château

En vain.


Décidément

Apollon me dissipe trop

J’abandonne

Tant pis ce sera pour la prochaine fois

Demain matin ou un autre jour

Je remets cela…

Cela a du charme

Aussi de les compter

Sans cesse en vain

Mais ne l’ébruite pas

Lecteur

Ne m’aide pas

Je ne veux pas d’Ariane ni de fil

Ma lectrice

J’aime à me perdre

Petit Poucet

Dans le labyrinthe des arbres

Dans le labyrinthe

Des charmes de PONS.


Les charmes de PONS

Je les compte ce matin

Au jardin du château.

mardi 28 novembre 2017

Lettres croisées..








                                 Cher Thomas,

En me promenant ce matin à Amsterdam,  j’ai vu un chiot mouillé ramener une balle à son petit maitre.

Le marmot  l’a fouetté parce qu’il s’était jeté dans le canal.

 La pauvre bête glapissait... et pourtant  avide de câlins revenait ensuite déjà oublieux un quart d’heure après.  

J’ai pensé à vous brusquement.

L’automne s’en va finissant, bientôt l’hiver et les fêtes de fin d’année.

 Des réjouissances à venir.

                                    Au plaisir de vous revoir.

                                   Baruch SPINOZA



                                       Cher Baruch,

En me promenant ce matin, j’ai vu un chaton griffer la main d’un enfant.

Une multitude de griffes lacérait la main du pauvre marmot.

Ensuite il a léché la main du petit maitre qui pleurait.

Brusquement j’ai pensé à vous.

Toutes les pelouses sont dorées des feuilles mortes. Je n’en ai plus pour longtemps, je le sens.


                                Au plaisir d’un nouvel échange…


                               Thomas HOBBES

vendredi 24 novembre 2017

Alexandre est Bucéphale.



Tu n’auras  qu’un ami
Qu’un seul ami
Dans ta vie
Roi
Solennellement
Lui a dit la Pythie

Et il s’en moque
Et il en rit
Bien
De cette prédiction étrange
Le prince macédonien

Et
Dans les batailles
Ivre de sang
Lui aussi
L’écume à la gueule
Toujours il le chevauche

Et
Ensemble
Victorieux
Toujours
Ils  
Galopent

Et
Dans le vent du désert
Les cheveux mêlés
Albes et ébènes
Toujours
Ils défient le monde

Toujours amis
Toujours frères
Toujours copains

A jamais centaure 

Alexandre et Bucéphale

Alexandre  est Bucéphale.

jeudi 23 novembre 2017

mardi 21 novembre 2017

Trop réaliste déjà…



Fermez
Donc
Votre porte
Quand vous sortez
Thomas
N’oubliez donc  pas de tourner
La clef
Dans la serrure
Quand vous sortez
Bavard  jeune homme
Ne babillez pas
Avec moi
Pas de vos longs discours
Avec moi
Pas d’obscurs raisonnements
De votre part
Pour me prouver le contraire
Cela ne prend pas
Soyez moins philosophe
Les voleurs cela vole
Les assassins cela tue
Je suis votre logeuse
Je tiens à votre sécurité
Et cessez  aussi donc de dodeliner de  la  tête
Quand je vous parle
Je n’ai pas d’instruction
Je n’ai pas appris le latin ou le grec
Mais je suis sensée
Et je dis franchement les choses
Je tiens à mes étudiants…

Et l’étudiant Thomas n’écoutait pas
Et laissait sa porte
Grand ‘ouverte
Au grand désespoir
De sa logeuse
Malin
Il savait que la Mort
N’a pas besoin de clef
Ni de verrou
Pour récolter
Sa moisson
Trop  utopiste
Thomas More ?

Trop réaliste déjà…

lundi 20 novembre 2017

A l’Angélus



A Midi
Tinte
L’angélus
Et le ciel
S’empourpre
De voir tant le mal
S’empourpre
De colère
La vieille paysanne
A Midi…

A Midi
Tinte
L’angélus
Et le clocher
Secoue la brume
Qui l’ampoule encor
Se secoue
Du froid rampant
La vieille paysanne
A Midi…

A Midi
Tinte
L’angélus
Et les pommes de terre
Dorent
Dans la terre fertile
Dort
L’enfançon athée
A Midi

La tête
Plein de souvenirs

Le ciel empourpré
Du Sol
Le sol de l’angélus
Le clocher seul
Les pommes de terre
Au sol
La grand-mère enterrée

Dans sa toile
Du Sommeil

S’éveille

Jean-François Millet

Avec ses pinceaux

A Midi

A l’Angélus.

mardi 14 novembre 2017

La Genèse de Robert Baden-Powell


Le lion soleil ce matin dissipe à peine les moutons qui trainaient dans le ciel de Chasterhouse.

Dans une salle enmauvée par l’aube naissante tout est quiet.

Tout est quiet sauf….

Beaucoup de mots en anglais viennent de l’ancien français ou du normand.

Je vais vous en citer plusieurs…

Ainsi le mot budget….

Dans la salle d’école tous les élèves écoutent l’enseignant magistralement officier… tous avec crainte sauf un.

Tous  avec crainte sauf un.

Un qui s’endort imperceptiblement à chaque début de phrase et se réveille en sursaut  à chaque fin de phrase.

Ce manège cependant indispose à la longue le professeur qui brusquement tance l’élève récalcitrant à ses leçons.

Hé vous là bas l’embrumé !  Oui vous là bas. Vous qui êtes pour une fois avec nous.  Pour une fois que vous n’êtes pas absent de nous.  Toujours dans la forêt ou dans le rêve. Citez moi donc Robert un mot anglais qui vient de l’ancien français.

L’enfant lève le sourcil droit. Il le sent, la punition ne va pas tarder si…

De longues secondes s’écoulent…

Le maitre caresse sa canne.

Alors ?

La fenêtre ouverte brusquement  par le vent d’ouest laisse passer une odeur de feu de bois, de feuilles mortes et de fleurs naissantes.

Alors sans s’y attendre,  sans se laisser démonter, guidé par le vent qui lui souffle la réponse, le garçon ébouriffé,  spontanément, le plus naturellement laisse tomber avec le plus large sourire

- Le mot scout.

Et alors ?

- Le mot scout vient de l’ancien français escout ou escoute.

 Écouter, être au guet…


Décontenancé le professeur sursaute.

Bonne réponse Robert. 


Tu m’étonnes qu’il a bien répondu Robert Baden-Powell ce matin là.

lundi 13 novembre 2017

De concert

J'aime ce point de l'aube                                                    J'aime ce point de l'aube
      Quand la lune s'évanouit                                  Dans les orangers       
 Dans les citronniers                                                    Quand le soleil s'épanouit

Lentement                                                                          En remontant la pente de Colomars                       En descendant                          Lentement


                                                  l'avenue Bieckert


  Lentement 
De concert 
Lentement 
 Deux concerts

De concert!

Mirage

Roland Garros 
Stanislas 
Rêverie 
Petit Palais 

Mirage 

 Je descends 
Sage 
 L'avenue Emile Bieckert  


Mirage 


 A Terre 
Citron 
Aube
 Dissipé



 Mirage

vendredi 10 novembre 2017

Cirque astrologique



Bélier

Les paupières lourdes
Jedi en détresse
Je me réveille
Péniblement…

A l’aube
Le soleil se lève
Déjà
Joli Aldébaran
La lune fuit
Ce matin
Je fonce
Pourtant

Taureau...

Entre le lait et le café
Querelleurs

Gémeaux

Mon bol hésite...

La radio

Cancer

Me délivre
Des mauvaises nouvelles

Le lit on

Dort
J’y ai envie d’y retourner...

Le jus d’orange
Ruisselle
Dans mon verre
Candide
Non aujourd’hui
Je vais dire

Vierge

Pour amuser Fabrice....

Vais-je me peser
Après trois biscottes
Et de la confiture?

Scorpion

Mon poids
Me préoccupe
Trop
Et j’ai bien tort...

Sagittaire

Sans arc
J’erre à la recherche
De mes chaussures
D’abord
Et de mes clefs
Ensuite
Cachées
Dans la poussière et les

Capricornes.


Vais-je quand même me peser ?


Et je

Verse eau

Force eau
Pour me laver
Et me raser
Pendant que Snyfe chasse
Les

Poissons


Dans la baignoire
Vide…

Vais-je me peser ?

Mes médicaments contre la tension
D’abord
Ne pas les oublier
Et ensuite la corvée…

L’aiguille  rouge tremble dangereusement...

Maudite


Balance

Je dis...


Ah le cirque astrologique du matin... 

jeudi 9 novembre 2017

oranje

Courtise-moi
 Dit la foule

Étonne-moi
 Disent les Lettrés

Dis-moi
 la Vérité
Dit le Roi!


Et le Poète

A l'azur contemplait à l'aube


Ses doigts


Oranje!

lundi 6 novembre 2017

Métronome



Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…

Et ce matin
Le métronome ne cessait pas
Nald
De résonner
Nald
Dans ma tête
Nald
Austère cimetière de Nice Ouest!

Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…


Et ce matin
Nald
Les avions pointaient leurs nez candides
Nald
Insensibles à ma tristesse
Vers le  soleil
Cruel ciel de Californie!

Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…

Et ce matin
Le ciel bleu me semblait
Nald
Chaque seconde
Nald
Encore plus écœurant
Ce bleu poisseux
Sans nuages
Nald
Ce bleu de Nice.


Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…

Et ce matin
Nald
Mon fruit vert
Me semblait
Nald
Ce matin
Ma grenade
A peine pourpre
Bien dérisoire
A Nice…

Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…

Et ce midi
J’ai pensé
Nald
Ma grenade va murir
Nald
Ma grenade
Au soleil
Nald
Au ciel bleu
Sur  ta tombe
Et tu ne seras pas là pour la manger
Nald
Avec moi
Et tu ne seras plus là pour l’attendre
Murir
Nald
Avec moi
Ai-je pensé à l’aurore
 Plus de Villefranche
Ni de Villa Arson
Tout cela est parti
Nald
Avec le vent de l’est
A Nice
Nald
Elle restera toujours acide
Ma grenade
Nald
Même murie
Même rouge de soleil de Nice
Même pourpre
Nald.


Ce matin
Nald
Sur ta tombe
J’ai déposé
Nald
Un fruit
Une grenade
Sur ta tombe
Nald
Une grenade
A peine pourpre…





mercredi 18 octobre 2017

Orme Saint-Gervais

À Saint-Gervais 


J'attends 

 Un fauteuil 

Sous l'orme 

J'attends 


En bois 


Mais pas en orme


 Je te le promets 

Orme 


Je ne suis pas ingrat


Orme Saint-Gervais  Poète❤

lundi 16 octobre 2017

A Sainte Gemme...



A Sainte Gemme

Jusqu’à la dernière miette
Les chats se confondent avec les pierres

A Sainte  Gemme...

Jusqu’à la dernière poussière
Les pierres se confondent avec les chats

A Sainte Gemme...

mercredi 11 octobre 2017

La Genèse de CAMUS



-          Que la colle est froide et opaque…

L’enfant,  les cheveux humides,  contemple une goutte de glu qu'il vient de déposer sur son doigt.

Opaque, vampire elle refuse le soleil  tyrannique de Midi.

Glaciale, elle guillotine ses sens.

Sur le parvis de l’église s’argentent les mariés.

Tranquille, mesuré dans ses gestes, étranger à tout, le photographe, tout de noir vêtu,  met son appareil à l’ombre.

Au ciel bleu, peste, brille la pointe de la lance du suisse.

Les plantes grasses verseaux suffoquent dans la chaleur de midi.

-          La  glu est si froide et opaque...

 Le curé houspille ses enfants de chœur rubiconds

« ll y  a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel:»

L’Ecclésiaste, il cite l'Ecclésiaste  se dit l’enfant éveillé.

Clic la photo est prise.

 La noce se disperse….


Bien plus âgé

Dans son âme

Le Poète  la sent toujours quand il œuvre

Toujours adulte

Sur son  doigt

Il la sent

La goutte

Malgré la vie, malgré  la mort

Dans son cœur

Malgré le soleil noir qui envahit les ruines

Il la sent toujours 

La goutte

Sur son doigt

Le chevalier des arts

Dans ses cheveux

Toujours

Il la sent

Camus

La goutte de glu froide et opaque.
 


 « Ici même, je sais que jamais je ne m’approcherai assez du monde. Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé de essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer. Entré dans l’eau, c’est le saisissement, la montée d’une glu froide et opaque, puis le plongeon dans le bourdonnement des oreilles, le nez coulant et la bouche amère – la nage, les bras vernis d’eau sortis de la mer pour se dorer dans le soleil et rabattus dans une torsion de tous les muscles; la course de l’eau sur mon corps, cette possession tumultueuse de l’onde par mes jambes – et l’absence d’horizon. Sur le rivage, c’est la chute sur le sable, abandonné au monde, rentré dans ma pesanteur de chair et d’os, abruti de soleil, avec, de loin en loin, un regard pour mes bras où les flaques de peau sèche découvrent, avec le glissement de l’eau, le duvet blond et la poussière de sel."


 http://romeojuliette.blog.lemonde.fr/2012/12/26/albert-camus-lhomme-sensuel/

lundi 9 octobre 2017

Alea Jacta Est




Alea Jacta Est...

Joyeux
Il a envoyé l’épreuve
A l’impression
L’après-midi
Le critique le plus féroce
Du monde littéraire
Lui qui a envoyé
De jeunes écrivains
Au suicide
Dans le métro
Il est content de lui-même
Debout
Son livre va le rendre célèbre
Malgré la presse
Dans la rame
Trente ans
Qu’il y travaille
Tout y est parfait
Dans son roman
Tout y est bien construit
Dans son œuvre
Tout ce qu’il a reproché
A ses confrères
Il l’a évité
 Fièrement
Il pense
Orgueilleusement
En remontant
Les marches de la station de métro.
Ce soir
Depuis des mois
Il va bien dormir
Il se le promet

Alea Jacta Est...


Et puis à minuit
Cauchemar
Il n’arrive pas à s’endormir
A la page 107
Cauchemar
Justement
Il l’a écrit
Avec un D
A la fin
Il en est certain
Dans ses épreuves
Il cherche
CauchemarD
Il l’a bien écrit avec un D
Ce maudit D
Le hante
Maintenant


Alea Jacta Est...


C’est l’enfer
Toute la nuit
Il cauchemarde
Là dessus
Trop tard
Tout est publié
Lui dit-on
A l’imprimerie
Contactée
Tout est envoyé
A la distribution
Ses livres circulent
Dans toute la France…


Alea Jacta Est

Ah
Le critique
Les entend
Déjà se gausser
Ils vont se venger
Ils vont le détruire
Ils vont…


Le critique ne va pas en survivre.

Son honneur est en jeu

Qu’une seule sortie…

La Seine est bien froide ce matin…


Alea Jacta Est


Quand vous passez en librairie
 Et que vous feuilletez son œuvre
Lecteurs
Le livre qui l’a rendu célèbre
Dans les manuels scolaires
Vous chercherez en vain
A la page 107
Ce
Cauchemar
Avec un D
Un correcteur apprenti zélé
Un stagiaire consciencieux
Un admirateur du grand critique
Avait réparé
La faute
Sans rien dire
Sans s’en vanter
Mais il n’en avait parlé à personne…

O
Que
Le destin est parfois cruel
Pour le voyageur empressé
De la vie
Parfois le chemin suivi mène à une impasse
Mais c’est trop tard
L’on s’empoisonne ou l’on se pend ou l’on se jette
Pour l’honneur
Un petit matin
A  l’aube
 Dans la Seine
Par honneur
C'est grand
Et c'est triste
Comme la vie


Alea Jacta Est.