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vendredi 28 juin 2013

cracheur de soupe Lamartine

Ah

chaque soir

tu pleures
pauvre Poète

certes

Apollon
t'a inspiré
enfant gâté
la Muse

le jour

mais
au coucher de soleil
encore

à l' examen de conscience
tu t'effondres

tu n'as pas
aujourd'hui
composé

le Poème

celui qui rendra

meilleur
ton Prochain

délivrera l'Humanité

fera tomber
les frontières

et
cela t'accable

et tu geins

et tu t'endors
déçu!

Ah

chaque matin

tu espères
à chaque lever de soleil
tu te réveilles
plein d'entrain
tu attends

l'aube

et ta Muse
ivre
et ton dieu!

Et
tu écoutes

la voix
de Delphes

qui traverse

les millénaires
les peuples
et les peupliers

et tu transcris

les paroles
pieusement
les alexandrins

et

tu regardes
soulagé

les vers

et ensuite
alors

tu abandonnes ta plume

en larmes!

Ah

tu maudis
tu invoques en vain

Muse et Apollon

tu n'es jamais satisfait

ils t'ont encore
trompé

trop de sel
trop chaude

ou

pas assez de sel
trop froide

et

je te laisse à ton chagrin

insatiable
insolent

cracheur de soupe Lamartine!

si au hasard d'une combinaison

Ah
si je gagne au loto

Si au hasard d'une combinaison

je suis millionnaire

j'achèterais
une belle maison

à Beaulieu
près du Casino


une villa

clinquante
luxueuse

avec moi
pas de misérabilisme



et j'y mettrais
sœurs et neveux

et j'irais me baigner


à 10 et 17 heures

dans ta beauté

Cité de Beaulieu

tu mérites bien

ton blason
ta devise

et à 20h

à l'ombre des pins et des oliviers

nous savourerons

tous ensemble

poissons grillés au feu de bois
olives
noires
et fromages de brebis

au vin de champagne
de Reims ou d' Epernay

et le dieu
Lune

fraternellement

nous éclairera!

Si
au hasard d'une combinaison

je suis millionnaire

j'irais fleurir
tous jours

de roses blanches et de pourpres iris

ta tombe

chaude au soleil de février
déjà

à Menton

je planterais

pour toi

deux albes
deux candides

amandiers

pour que ton sommeil
soit bercé
à jamais

gentil Réginald!



Si
au hasard d'une combinaison

je suis millionnaire

je m'achèterais

à la Colle Germaine

une maison à Couloumas

une petite maison
un petit mas

pour mes œuvres

à l'aube
je me mettrais

dans le jardin

et je t'attendrais
impatient

en buvant
un verre de menthe fraîche

Apollon

et je soupirais d'aise

après ton lever
sur la plaine du Var

en me récitant

si au hasard d'une combinaison

je suis millionnaire!

Bécassine

O

ce matin

je prends
trop
au
sérieux

ce calcul!

Age

des
écrivains

13
ans

à
jamais!


O

je prends
trop
à
la
lettre

ce midi


cette formule!

"Un romancier est toujours un enfant qui joue!"



Et
je m'entête

à
le
suivre

trop
docilement

Frédéric Beigbder

trop
disciple

et j'ai bien tort

je suis un Poète

pas
un
romancier


et aussi

j'ai bien tort

servant
littéraliste

d'obéir

à
mon
Maître

aussi sagement

et aussi

je n'ai pas raison

de me faire guider
par
cet
ambigu
dieu

aussi gentiment!


Apollon

je te suis

mais
je te maudis

toujours


et je me révolte

je reste
sur
13

pour ce poème

ou
moins

si tu veux

ou
plus

si tu désires

Apollon

si cela te chante!

Mon âge
Poète

je ris

âge des glaces

âge de glace

je pleure

le Poète n'a pas d'âge

enfant ou vieillard
homme mûr ou décrépit

à la fin

je t'obéis
toujours

j'ai ton âge

Apollon
quand tu m'inspires


Bécassine


 Poète!!

moi je les entretiens tous les jours les jardins d'Adonis!

Ah

ma jolie

tu m'a montré

ma chérie

désespérée

ce matin

étiolée

tes fleurs montées trop vite

tachées de sang rouge

tes adonis
gelés

par une bise de Mars
trop aimante
reine des Neiges

une nouvelle fois!

Ah

ma jolie

tu versais tant de larmes

ma chérie

tu criais tant

"Adonis est mort!"

que je m'en suis alarmé

gentil amant

une nouvelle fois


et alors

en vain
je t'ai consolée

en vain
je t'ai serrée dans les bras

en vain
je t'ai morigénée


en vain
je t'ai secouée!

O

ma jolie

tu ne te dominais plus

ma chérie

tu hurlais

tu versais tant de larmes

que

je me suis alors décidé à me taire

et
amant

patient
j'ai attendu la fin de ton chagrin
compatissant!

Ah

je sais

ma chérie

chaque année

tu fêtes la mort d'Adonis
avec ponctualité

ma jolie

mais tu accomplis ce rituel avec tant d'amour
que j'en suis jaloux
pendant cette semaine de déploraison

j'en ai honte

ma jolie

de cet Adonis
de ce joli bellâtre qui fascine déesse et mortelles
de ce papillon trop beau cloué par les Parques

ma chérie

mais tu accomplis cette religion avec tant de ferveur
que j'en suis craintif

que j'en ai peur
de cette tristesse

fleur poison noir Aphrodite!

Heureusement

tout a une fin

ma jolie

tu cesses de larmoyer

ma chérie

un matin d'Avril

les Adonies sont closes

et tu reviens

printanière

encore plus aimante
encore plus câline

et comme tu l'oublies vite
cet amant divin
qui t'a fait pleurer
cet Adonis
avec moi

et j'en ris
amant

mais

j'en pleure
Poète!

Ah

je ne te le dirai jamais
mon secret

ma jolie

le reste de l'année
je larmoie mon chagrin

lentement

pour Adonis

en rimes
en vers

silencieusement

ma chérie

et

Apollon et Aphrodite

m'accompagnent
et me soufflent

cette poésie mélancolie

pauvre Adonis!



Ah

ma chérie

souvent

j'envie ton amnésie
le reste de l'année

parfois

je t'en veux

même

ma jolie

de ton indifférence
en dehors des Fêtes de la mort d'Adonis

moi je les entretiens tous les jours
les jardins d'Adonis!

Bayard

Février

Bayard

pente à dévaler

vais-je
avoir
peur?

Je ris
poltron
je me dessers

une nouvelle fois

bah!

C'est si facile

chemin de craie

une fois à gauche
puis
une fois à droite
puis ensuite
tout
droit
et
enfin revenir

chemin de croix

je ne réfléchis plus
c'est parti
je desserre les freins

Pégase

je me signe

c'est parti

je fonce!

O

je serre
à temps

dans l'obscurité

o
je serre
au temps

dans la lumière blanche


et

sankukai


je me sers
de
la
vitesse

pour

tourner
et
me retourner

vaisseau spatial

et
je savoure
toujours

ces secondes

près du mur

-je ne me suis pas écrasé
dans les étoiles!-

et
je tremble
rétrospectivement
pour moi

-si un camion fou avait déboulé de ce garage d'entreprise....

le lendemain
crêpes et nez poudrés de sucre!-

et
lentement
je remonte
la pente
à pied
le vélo à mes côtés

en pleurant de joie


et
je laisse passer
les autres
mes camarades et ma soeur

en tremblant
pour eux
en tremblant
pour elle

l'accident

- l'un de nous y mordra
c'est certain
la poussière
et
ensuite
bye à nos jeux casse-cou!-

et

je le sais
après Christophe
ce sera
à moi
ce sera
à mon tour
ce sera
à mon passé

déboulant
ma pente

remontant
ma pente

éternellement

rivé à mon vélo

Rue Bayard
à Levallois-Perret
Bayard

Poète!

Rimbaud Académicien!

Le jeune homme
prépare ses valises

lentement mais sûrement

plie ses affaires
les range

délicatement

se regarde dans le miroir
maniaquement

il est encore plus beau
les cheveux coupés

pense sa maman

en le caressant du regard!

Arthur

quitte

la Muse
sans regret
la Poésie

sa ville suprêmement idiote
il ricane

et il rit

fini le génie du bien et du mal

il va

se ranger

travailler

connaître la vraie vie

et il ironise

adieu ami blond
adieu Apollon!

Ah

l'aventure
en Ethiopie
la fortune
en Arabie

une femme
peut être

l'attendent

et il range
ses cahiers
Poète studieux
et il ordonne ses papiers!

Arthur
une lettre pour toi

la mère lui transmet
le courrier

bah
Banville

ouvre la!
supplie la mère

trop tard
maintenant

hausse les épaules
Arthur

et il range le courrier
agressivement
dans son bureau

la Poésie c'est fini

et il ironise

adieu Parnasse
adieu Poésie!

Ah

il part pour Marseille
et en attendant
le train

Arthur savoure
l'automne

la lumière de 18H qui veloute

les corps
les âmes

il aurait déjà composé
un poème

sur ce sujet

tout de suite

s'il avait un crayon à sa disposition
s'il en avait envie

mais bah

je ne m'occupe plus de ça!

(bruit du sable du temps)

La mère ferme les yeux
regarde une dernière fois

les yeux à l'iris bleu clair
figés
éternellement

lève le drap

Arthur est mort hier

pendant dix ans
il aura au moins vécu

se rassure-t-elle

et elle regarde

ce visage d'homme
cette barbe rousse

et elle pleure tout en rangeant les papiers

et elle tombe sur ce courrier
jamais ouvert
de Banville

qu'y avait-il dans ce courrier?

Et elle hésite
et la Mère se décide

ouvre

et s'asseoit pour mieux pleurer!

Le Poète

Mentor

se proposait
d'appuyer

son Arthur

pour un fauteuil d'Académicien

il suffisait juste de renvoyer ce courrier déjà préparé

Arthur aurait eu une belle position

comme
Banville

il aurait eu l'aisance financière
qui permet

la création
la vie poétique

et elle se lamente

matérialiste

et elle crie

Rimbaud serait encore en vie!

(bruit de pleurs)

mais un fantôme malicieux

console ses larmes

remue les rideaux
météore
lui souffle

ironique

Rimbaud serait-il resté alors
Rimbaud

Rimbaud Académicien!

mon steak tartare dore

Mars
dort

pas de soleil

le printemps
me
pigeonne

Place François Ier!

Bah

peu m'importe

je ne me presse pas

mon
steak tartare
dore

.........................

vite

Poète!