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mercredi 1 juin 2016

Une soirée chez les Bernanos.



C’est trop tiède pleure l’enfant rétif.


Comment cela trop tiède ! Assez… maugrée le père.


Tu ne vas pas commencer  ce soir Georges se lamente déjà la mère impatiente


 Ce n’est pas assez chaud ou ce n’est pas assez froid pleure l’enfant récalcitrant

Cesse donc tes caprices Georges   se lamente déjà la mère en remettant un broc d’eau bouillante.

Qu’est ce que l’on va faire de toi maugrée le père !


« Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche «  

pleure l’enfant dans  la baignoire en contemplant l’eau qui se refroidit.



Toujours le soir l'apocalypse maugrée le père.



Une soirée chez les Bernanos. 


mardi 31 mai 2016

Charlotte Corday !


Celle qui tient fermement
Ce matin

Le poignard

Ce n’est pas une jeune  exaltée
Qui connaît par cœur
Les vers
Des Tragédiens

Ce matin

Charlotte…

Celle qui tient fermement
Ce midi

Le poignard



Ce n’est pas une jeune normande

Ce midi

 Traitre à son pays


Ce midi

Charlotte….


Celle qui tient fermement
Ce soir

Le poignard

Ce n’est pas une  jeune suicidaire



Ce soir

Charlotte…

Celle qui tient fermement
Ce matin

Le poignard


C’est la France
Lasse du sang
Qui coule
Des  entrailles de  ses enfants

Ce matin…


Celle qui tient fermement
Ce midi

Le poignard


C’est la Patrie
 Qui demande
Des comptes
A ses enfants dénaturés par le Crime

Ce midi….

Celle qui tient fermement
Ce soir

Le poignard


C’est la République
Qui n’aime ses Tyrans démagogues
Que morts

Ce  soir…


Et
Le poignard
Se déchaine
Justicier

Et les coups
Sont autant de jugements  populaires

Et l’assassin meurt
Tant mieux

Et l’hydre meurt
Tant mieux

Et Marat  meurt
Pour la postérité

Honni par les fils de ses victimes

Et la Nation
Pour toujours
La remercie
A jamais
Pour son dévouement tout filial

Et je la remercie
Mon héros 
Mon héroïne


Charlotte Corday !

lundi 30 mai 2016

Maman !



L’infirmière arrive à tout supporter
Tout supporter

Les opérations de la dernière chance
Les cervelles éclatées
Les hémorragies
Les yeux crevés
Le sang, le sang et le sang
Qui ruisselle
Sur le drap
Blanc neige
Les corps bleutés
Même la vue des familles éplorées
Et les cornettes noires des veuves

L’infirmière arrive à tout supporter

Tout supporter

Mais il n’y a qu’une chose qu’elle ne supporte pas

Dans toutes les langues
Dans toutes les confessions
Dans tous les âges

Elle ne supporte pas
Elle ne supporte plus
Elle ne supporte jamais

Quand les blessés mortels
Évanouis ou pleinement conscients
Râlent

Elle ne supporte pas
Elle ne supporte plus
Elle ne supporte jamais

Dans leurs rêves
Dans leurs derniers moments
Dans leur dernier souffle
Dans leurs ultimes prières

Elle ne supporte pas
Elle ne supporte plus
Elle ne supporte jamais


L’infirmière

Leur  dernier cri


Maman !

vendredi 27 mai 2016

Les Mai !



La mousse apaisante
Dans l’opaque
 Givre
Sublime
Mon espoir…

Les mai...




Ce soir
La colline
Se noie 
 Dans les cerisiers 
Candide
Le vent
Alcoolique
Rit 
Le pin 
Scintille 
De mille neiges
Le pommier
Rouge trêve
Nage
Dans l'herbe folle
L'hiver
S'éteint
Dans l'orange Soleil !




Les Mai...



L'alizé tristement se fige

Les mai...


La mousse apaisante
Dans l’opaque
 Givre
Sublime
Mon espoir…

Les Mai

Les   oliviers s'emballent
Et ruissellent de murmures dorés
Le destin niçois  
Minot insolent
Tire sa langue
Arrogance des coups de dé 
 Les   oliviers s'emballent...

La mousse apaisante
Dans l’opaque
 Givre
Sublime
Mon espoir…


Les Mai !

mercredi 25 mai 2016

A Trèves !


Deux ombres dans le brouillard
Deux ombres
Longent la cathédrale, les tilleuls, le Palais rose
Les grands murs
Dans le brouillard d’octobre
 Frais
Deux ombres
Une mère et un enfant
Se hâtent
De retour du Lycée

A Trèves.


Deux ombres dans le brouillard
Deux ombres
Une mère et un enfant
Se hâtent
Deux ombres
Longent la Croix du  Marché de la Ville
Les grands murs
Dans le brouillard de janvier
Enneigé
Deux ombres
Une mère et un enfant
Se hâtent
De retour du marché

A Trèves.



Deux ombres dans le brouillard
Deux ombres
Longent  la porta Nigra, les vignes, l’amphithéâtre
Les grands murs
Dans le brouillard  d’aout
Chaud
Deux ombres
Une mère et un enfant
Se hâtent
De retour de la Bibliothèque

A Trèves.

Deux ombres dans le brouillard
Deux ombres
Longent  les berges de la Moselle
Les grands murs
Dans le brouillard d’avril
Rose
Deux ombres
Une mère et un enfant
Se hâtent
De retour de l’office

A Trèves.


Et toujours l’enfant
Longe les grands murs
Noirs et brillants
Et en caresse la surface…

Derrière  les grands murs
Il y a surement des gens
Heureux
Comme lui
Se dit l’enfant
Bien protégés
De l’extérieur

A Trèves.

Ah
Être comme eux
A Trèves…

Les grands murs
Des  couvents  de la Ville
Fascinent déjà le petit
A la place des moines
Il  s’imaginerait  bien
A la place de Dieu
Il s’imaginerait tout
Derrière les grands murs
Il imagine déjà sa Cité

A Trèves…


Il est déjà un peu trop philosophe
Soupire sa mère
Quand il l’interroge
Viens, ne traine pas près des murs
Tu vas te salir…
 Et les gens sourient en voyant leur manège
Les Marx sont des notables de la Ville
Et leur fils est déjà brillant pour son âge
Il ira loin
Karl


A Trèves !

mardi 24 mai 2016

Il ne viendra pas Il ne reviendra jamais L’ami !

 Près de la préfecture de  Police de Paris
Aux bords de la Seine
Je lance des morceaux de pain sec
Aux moineaux
Sur les berges de la Seine
Jamais aux pigeons…

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !

J’ai vainement attendu
J’ai vainement marché
Je ne le rencontre pas
Le hasard sollicité ne fonctionne jamais
Encore une journée perdue

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !

Ce soir je prendrai la ligne 27
De nouveau
Le retour
Pourquoi perdre mon temps
A errer
Près de la Préfecture de Police de Paris ?
Bah

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !

Les amis ne reviennent jamais
Vais-je penser
Quand le bus s’élancera
Contrairement aux enfants prodigues
Je me mettrai au fond
J’ai bien tort d’espérer
Bientôt chez moi
Place Jeanne d’Arc
je pourrai pleurer

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !



Il pleut bien dehors
Et j’appuie ma tête
Sur le bus trépidant
Je vais cesser demain
Assez de ce Purgatoire
Je tourne la page
Par un poème
je clos l'histoire

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !



Ce n’est qu’au Paradis qu’on le retrouve
Peut-être
Ou en enfer
De nouveau réconcilié ou peiné


L’ami retrouvé…

Quand même un espoir....Je ris

Il ne viendra pas
Il ne reviendra jamais

L’ami !

lundi 23 mai 2016

Keynes

- Ah ce Rentier m’exaspère ! - Et moi aussi ! - Et moi aussi ! -Il faudrait tuer le Rentier - Maudit Rentier ! Les exclamations indignées des enfants ont retenu l’attention de cet homme si distingué qui se promenait ce matin le long du stade de rugby rempli de brumes. Il ne peut s’empêcher en riant de se mêler à la conversation et d’interroger ces faces rouges de haine et de sueur. Qui est donc ce terrible Rentier ? - Il se nomme Rentier -C’est notre chef d’équipe -C’est notre camarade de classe - Il ne nous passe jamais le ballon - Il se fait toujours plaquer - Il retient les passes ! -Il ne joue jamais collectif - Chut il arrive ! Il nous appelle ! Au revoir monsieur…. S’il est si mauvais joueur pourquoi continuer à jouer avec lui ? Les enfants se taisent et regardent leurs souliers….Heu… Et puis s’en vont penauds un à un… C’est beau tout cela mais je ne sais toujours pas ce que je vais faire pense en s’éloignant l’individu si élégamment habillé. Economiste ou mathématicien ? Poète ou romancier ? Si je me présentais aux Communes ? Il faut tuer le Rentier ! Les enfants sont si drôles dit-il en écrasant sa cigarette. Le soleil se lève sur la pelouse mouillée. Tuer le Rentier…Et si je faisais de l’économie finalement ? Keynes allume de nouveau une cigarette…