Les galères
Sont au loin..
Les nefs
Sont parties…
Et plus personne sur la plage
Hormis les morts…
Et plus personne sur la plage
Hormis les désespérés
Qui tombent
Un à un
Fauchés par Dame Mort !
Et plus personne sur la plage
Que ce roi blond abandonné des siens
Qui erre et pleure et se lamente
Dans ce carnage
Et couvre son front vainement
De ce soleil
Inconnu
De cet azur!
Et des années et des années passent
Il s’habitue à sa nouvelle solitude
Et il installe son
pauvre ermitage de sable
Au milieu d’un peuple qui l’a facilement adopté
Et ils participent à sa foi et il participe à leurs fêtes
Et il devient vite un homme saint
Aimé de tous
Un guérisseur
Aimé de Dieu…
Et le soir il danse et danse et danse
Malgré son âge vénérable
pour ne pas pleurer
pour oublier un peu sa peine..
O
difficilement
Les nouvelles viennent
à lui
Sinistres
Et il pleure ses enfants et ses petits-enfants
Qui pratiquent si peu les lys
Pauvres Templiers ! Pauvre France ! Pauvre Philippe !
Et ses épaules s’affaissent et son pas devient difficile…
Pourtant dans ses yeux brille toujours la flamme de Dieu
Et il parle aux rouges-gorges et aux Djinns
Et il est saint ici il est saint là bas
Et
au milieu de son nouveau peuple
ce matin il est pleuré ce
matin
Le roi
Et tous le savent
Il est saint en Tunisie il est saint en France
Le roi d'outre-mer
Il est saint en Terre d'Islam, il est saint en Chrétienté
Pleurons le tous ce matin
Il est mort
Humble et grand
Saint Louis!