Ce mai-ci

 Sur la tombe

Devant la croix

Poussent

Sans crier gare

Ce  mai-ci

 Les coquelicots

Sur le bateau de sable 

Entre les herbes sauvages

Sans crier gare

Chantent au soleil

Ce  mai-ci

Les coquelicots

Sur la tombe

Modeste 

Pas de marbre

Se bercent au vent 

Ce  mai-ci

Les coquelicots

Sur la tombe 

Simple

Fleurissent

Simples

Sur la tombe 

Végétale

Clin d'œil de mon père

Ce  mai-ci

Par hasard

Les coquelicots 

Ce  mai-ci

églises romanes

Mes poèmes

Sont des églises

Des églises romanes

Multicolores

Mauve et orange 

Bariolées 

Mes églises romanes

Édifiées à la musique 

Invitent 

À la méditation

Dans des tons polyphoniques

Mais las

Le temps efface tout 

Musique et couleurs

Tout s'en va

Que le bâtis trop craie... 

Tartes aux prunes à Mornac

 Goûte

Les tartes aux prunes

Enfant

Le citron n'est pas moins acide

Que les prunes cuites

Corrige les de sucre ou de chantilly

Goûte 

Les tartes aux prunes

Enfant

Vis les et ris

Le temps à venir

A Mornac...

 Goûte

Les tartes aux prunes

Vieillard

L'amande n'est pas moins amère

Que les prunes cuites

Corrige les de sucre ou de chantilly

Goûte 

Les tartes aux prunes

Vieillard

Vis les et pleure

Le temps passé

A Mornac...

Un poème libre comme Yves-Denis Delaporte sur les cimetières façon GPT

Les cimetières, lieux de silence et de recueillement,

Où les tombes s'étendent à perte de vue,

Où les fleurs fanent sans être cueillies,

Et où les arbres deviennent les gardiens éternels.

Dans ces lieux de mémoire et de tristesse,

Les souvenirs remontent à la surface,

Les visages des disparus se dessinent,

Et les larmes coulent silencieusement.

Mais malgré la douleur qui nous envahit,

Les cimetières sont des endroits paisibles,

Où l'on peut se ressourcer, se recueillir,

Et se rappeler que la vie continue malgré l'absence.

Alors que les tombes restent à jamais figées,

Le temps passe inexorablement,

Et nous, les vivants, nous devons continuer,

En gardant nos souvenirs et notre amour intact.

Ma cité de sable.

 Poète

Construis moi

Me dit ce soir

Apollon

En un poème libre

Une cité éternelle

Construis la

Lentement

Sous nos yeux

Vite

Bâtis la

En écoutant The fool de Jain

Décris la

Choisis tes mots

File les

Poète

Prends ta lyre

Chante ta cité

Je te donne dix secondes, réfléchis bien

Dix secondes

C'est l'éternité

Je n'attends pas à l'aube

C'est tout de suite....

Ah

Je la vois déjà

Apollon

Ma cité sans âge

Je la visualise peu à peu

Ma cité éternelle

Jamais corruptible par le Temps

Incorruptible

Jamais touchée par le feu

Une cité qui ne sera pas de diamant

Une cité qui ne sera pas de marbre

Ni de pierre

Non plus

Ni de bois

Une cité qui résistera au feu

Une cité insubmersible

Une cité ni de papier ni de soie ni de roseau

Une cité qui résistera à tout et à rien

Une cité pas de glace

Une cité qui ne fondera pas comme la neige

Au soleil

Une cité qui résistera aux marées, aux tempêtes et au morne silence

Un cité qui ne sera pas de cendres

Une cité qui se tient dans une poignée

Vois Apollon

Là elle tient dans ma main

Là elle brille au reflet de la lune

Là elle brille au lever du soleil

Dans ses innombrables grains dorés

Vois ma cité infinie qui prend toutes les formes

S'évanouit et revient le temps d'un souffle

Contemple

Elle s'anime et vit et meurt et renait et disparait

En un filet renaissant

Le haut vers le bas

En un filet déclinant

Le bas vers le haut

J'en suis son protecteur

Je te la dédie Apollon

Ma cité de sable.