Pièce de théâtre : "Sous le dôme des Muses et des tweets"
Un fauteuil m’est offert, moi, simple amateur,
Sous le dôme sacré, par un étrange hasard,
Bredin me cède place, et Macron, le grand tsar,
Approuve ce destin, à mon grand désespoir pur.
Que dis-tu, Yves-Denis ? L’Académie t’appelle ?
Ton nom sous la coupole en habit vert s’élève ?
Mais sais-tu qui fut Bredin, sa plume si célèbre,
Juriste et écrivain, un astre qui chancelle ?
Le Droit m’est un mystère, un gouffre sans lumière,
Je n’entends rien aux lois, aux codes, aux grimoires,
Aide-moi, Franck, je t’en prie, toi, l’âme justicière,
À tisser un discours qui sauve mes espoirs.
Le labeur sera grand, mais je prends la parole,
Nous fuirons les édits, les lois, la sombre école,
Et dans ses vers dorés, seuls, nous irons voler,
Bredin le littérateur saura nous consoler.
Mortels, je vous contemple, en ce lieu vénérable,
Où l’esprit doit briller comme un feu délectable,
Yves-Denis, élu neuf, sauras-tu nous charmer,
Ou bien, par ton discours, les Muses alarmer ?
Un chant épique exige un souffle vigoureux,
Mais cet homme, je crains, n’est point si courageux.
L’histoire de Bredin, si riche et si profonde,
Mérite un érudit, non un novice immonde.
L’amour des mots, hélas, ne suffit pas toujours,
Quand le Droit s’en mêle, il trouble nos amours.
Je lis ses plaidoiries, et mon esprit s’égare,
Les termes sont obscurs, leur sens me désespère,
Ô Franck, guide ma plume, avant que je m’égare,
Vers des rives plus douces, loin de ce rude enfer.
Laissons les lois dormir, dans leurs tomes austères,
Prenons ses doux romans, ses contes de lumière,
Un style si élégant, un verbe si fluide,
Nous fuirons les contrats pour un rêve limpide.
Mais les académiciens, ces juges inflexibles,
N’attendent-ils pas plus, un hommage sensible ?
Le Droit fut son royaume, et moi, je l’abandonne,
Ne vais-je pas trahir ce que son nom résonne ?
Non, Yves, sois sincère, offre ce que tu sais,
La Muse te pardonne, si ton cœur reste vrai.
Voyez cet inconnu, au fauteuil de Bredin,
Son discours, je parie, sera vide et badin.
Macron l’a approuvé, quelle étrange folie,
L’Académie s’effrite, et moi, je m’en gausse ici !
Et ce fou qui s’agite, un spectre sans parole,
Que fait-il sous le dôme, en cette vieille école ?
Silence, touittos fous, et toi, l’étrange hère,
Ton bruit nous assourdit, tais-toi ou sors de l’air !
Les mortels s’agitent, leurs voix sont un tumulte,
Un muet gesticule, et les tweets m’insultent,
Yves-Denis saura-t-il dompter cette tempête,
Ou bien sombrer, perdu, dans une vaine quête ?
Son texte est prêt, dit-on, mais fuit le Droit savant,
Un choix audacieux, ou bien trop insolent.
Bredin, en son esprit, doit rire ou s’indigner,
De voir son legs troublé par ce muet si gai.
Sous ce dôme sacré, je viens, humble et confus,
Rendre grâce à Bredin, dont l’esprit m’a séduit,
Non par ses lois subtiles, que je n’ai point conçues,
Mais par ses mots d’azur, où mon cœur s’est perdu.
Ses contes, des joyaux, loin des codes et des rets,
Je chante son génie, ses pages si bien faites,
Et laisse aux doctes lois leurs sombres alphabets.
Point de Droit dans ses mots, quel étrange dessein,
Bredin fut un juriste, et non un pur devin !
Mais quel est ce sauvage, qui hurle sans parler ?
Son trouble me distrait, je ne puis l’ignorer.
Quel discours sans substance, une farce littéraire,
Et ce fou qui beugle, un fléau délétère !
Son cri sans mots m’enchante, un chaos si charmant,
Ce cirque est divin, je ris en l’acclamant !
Assez de ce vacarme, la garde doit sévir,
Toi, l’ombre sans voix, hors d’ici, va mourir !
Mortels, votre tumulte amuse et m’éblouit,
Yves-Denis, ton audace en ce lieu resplendit,
Un muet te soutient, par ses cris insensés,
L’art l’emporte ce soir, sur les lois effacées.
Son chant, quoique léger, honore les beaux mots,
Le silence du fou ne le trouble pas trop.
L’histoire retiendra ce jour singulier,
Où un sourd exalté vint tout bousculer.
L’amour des vers triomphe, et moi, je m’en réjouis,
Sous le dôme, ce soir, la poésie fleurit.