Discours de réception de Yann Moix au Fauteuil d’Yves-Denis Delaporte,
Coauteurs: Grok- Yves-Denis Delaporte
Prononcé sous la Coupole le 12 juin 2035
Ô nobles esprits, preux de l’Académie sainte,
Sous cette Coupole où le verbe se ceint,
Je viens, chétif, tel une sardine égarée,
Porter l’hommage dû à l’ombre consacrée.
Yves-Denis Delaporte, dont je prends la chaire,
Poète de Trèves, flot d’un flux légendaire,
M’appelle en ce lieu, mais voici l’onde altière :
Un déluge s’élève, où nagent des murènes !
Comme en Apnée, où l’eau noie l’horizon,
Votre assemblée flotte en une immersion.
Voyez, Mesdames, Messieurs, l’Académie nage,
Ses murs, ses sièges, ses plumes, sous l’orage.
La Moselle, en furie, où dansent des carpes,
Rompt ses entraves, engloutit vos écharpes.
Ce flot, où frétillent sprat et coelacanthe,
Est l’héritage d’Yves, sa vague pénétrante.
Né en Île-de-France, dans un bourg ignoré,
Il vécut à Trèves,
où son cœur s’est ancré.
À Levallois, ses vers prirent un éclat d’ablette,
Ausone y chanta, Marx forgea sa gazette.
Mes parrains, d’abord, méritent mon tribut :
Zemmour, Mélenchon, duo qu’on n’eût cru.
Éric, tel un barbeau, dresse un verbe robuste,
Jean-Luc, tel un squale, harangue et s’ajuste.
Leurs voix, tel un ressac où bondit l’anchois,
M’ont porté jusqu’à vous, frétillant de choix.
Zemmour, amant du verbe, évoque la plie,
Mélenchon, tribun, fait vibrer la sole lisse.
Leurs mains, contraires, en un banc se rejoignent,
Et dans leur grâce, mon cœur, merlan, s’achemine.
Mais c’est à Delaporte que mon luth s’adresse,
Poète de Trèves, dont l’âme nous oppresse.
Sur son vélocipède, rouge comme un rouget,
Il fendait les zéphyrs,
preux comme un goujonnet.
Ce char de fer, plus qu’un vilain artifice,
Fut son hippogriffe, son divin édifice.
Dans ses Chants du marais, il grava des oracles,
Comme un Camus, versant des eaux sans obstacles.
Non l’absurde Camus, mais l’âme du Verseau,
Chevalier d’or, dont l’éclat est un espadon.
I. L’Homme d’Île-de-France et Trèves : Un Cantique Submersible
Yves-Denis, né dans l’ombre d’Île-de-France,
Un bourg modeste où la Seine se lance,
Vécut à Trèves, où la Moselle scintille,
Portant l’iode des flots, où nagent des chinchilles.
Fils d’un postelain, d’une pédagogue rare,
Il but l’amour des mots comme un nectar barbare.
À Levallois-Perret, ses vers prirent leur vol,
Sous les cieux urbains, où dansent des mulets.
Un aïeul lui légua, don d’un temps révolu,
Un vélocipède rouge, astre qu’on a vu.
Ce char, dans Trèves, tel un poisson-lune allait,
Et les manants, ravis, son éclat saluaient.
Ce rouge destrier, plus qu’un fatras de rouilles,
Fut l’âme du poète,
son esquif de prouilles.
À Trèves, où Ausone, bardus gallo-romain,
Chanta l’onde et le vin, où glisse l’omble sain,
Delaporte pédalait, poursuivant l’hymne antique,
Son vélo, tel un luth, portait sa musique.
Ausone, en ses Mosella, louait le flot sacré,
Yves-Denis, en ses vers, l’âme ressuscitée.
Ses ancêtres, hélvétiques, anabaptistes preux,
Portaient l’évangile, tels des saumons heureux.
Issus des monts helvètes, fuyant l’oppression,
Ils cherchaient des eaux nettes, loin de la compression.
Comme Marx, né à Trèves, où la révolte gronde,
Ils rêvaient d’un monde où l’âme se féconde.
Karl, fils de rabbins, converti au luthéranisme,
Forgea Le Manifeste, cri du prolétarianisme.
Delaporte, lui, loin des chaînes de l’histoire,
Chantait l’homme libre, son vélocipède gloire.
À Levallois, où ses pas frôlèrent la Seine,
Il vit dans l’onde l’éclat d’une vive reine.
Comme Pierre Loti, dont les mers sont cantiques,
Delaporte chantait des terres apocryphes.
Loti, marin d’azur, courait l’outremer,
Yves-Denis, lui, gravait des lais pour l’éther.
Dans Pêcheur d’Islande, Loti pleure l’absence,
Delaporte, en ses vers, donne à l’âme une transe.
« Sur mon vélocipède,
je happe l’anémois,
Et dans son souffle, je suis l’enfant d’autrefois. »
Ce vers, des Chants, est un cri d’extase,
Un écho d’Albert, dont l’absurde s’efface.
Camus, en son Homme révolté, proclame :
« Je me révolte, donc nous sommes, » tel un psaume.
Delaporte, lui, dit : « Je pédale, je naisse,
Et dans ce branle, l’âme, gardon, ne s’apaise. »
Pédaler, c’est braver l’oubli qui s’arroge,
C’est défier la mort, c’est chanter la Moselle.
Son vélo, tel un astre, portait son audace,
Et dans ses tours, il dansait
comme un tacaud.
Mais voici l’onde, ô preux, où nagent des morues,
Elle noie vos fauteuils, vos plumes disparues.
La Coupole, jadis dôme des mots sublimes,
Devient un récif où l’écume s’abîme.
Comme en Apnée, où l’eau dissout les frontières,
Votre assemblée vogue, portée par des éperlans.
Vos habits verts, vos sceptres, vos encres d’antan,
Sont des coraux où s’accroche le mérou chantant.
II. Le Chevalier du Verseau : Un Cristal Liquide
Pourquoi Camus, preux du Verseau sidéral,
Chevalier d’or, dont l’armure est un fanal ?
Dans Saint Seiya, il brille, paradoxe algide,
Guerrier de glace, au cœur pourtant liquide.
Camus protège Athéna, déesse éthérée,
Et s’immole pour elle, tel un lamproie altérée.
Delaporte, pareil, fut un preux calligraphe,
Dont la plume traçait des eaux en épigraphe.
Le Verseau, signe d’onde, d’idéal fluide,
Porte en son sein l’espoir d’un monde limpide.
À Trèves, où la Moselle coule,
pure et fière,
Delaporte fit jaillir des sources de lumière.
Ses poèmes, tels des prismes, frêles et diaphanes,
Sont des éclats d’azur, où nagent des chabots.
Comme Camus lançant son Souffle de Diamant,
Delaporte soufflait des vers incandescent.
Son vélocipède, armure de son essence,
Portait son cosmos, sa lumière, sa vaillance.
Ô Camus, maître froid, mais d’amour consumé,
Toi qui formas Hyoga,
dragon sublimé,
Tu es Delaporte, pédalant sous l’ondée,
Vers un idéal que nul temps ne vendée.
Car la poésie, comme l’eau du Verseau,
Lave les âmes et noie l’antique fardeau.
Delaporte, en ses vers, fut ce preux magnanime,
Qui donne sans compter, sous l’onde qui s’anime.
Et vous, sous cette mer, ô nobles cénobites,
Vous flottez, tels des nymphes, en des flots anhydrites.
Vos épées, vos grimoires, vos sceptres d’ivoire,
Sont des algues d’or, où danse le poisson-soir.
Comme en Apnée, où l’âme se dissout,
Votre assemblée nage, et l’éternel s’absout.
III. Ron Weasley : La Loyauté des Abysses
Mais osons l’audace, invoquons un héros,
Ron Weasley, preux roux, cœur fidèle et gros.
Pourquoi ce sorcier en ce lieu révéré ?
Car sa loyauté, comme Yves, est inaltérée.
Dans Harry Potter, Ron est l’ami sincère,
Qui, malgré ses peurs, brave l’ombre et la guerre.
Sa baguette, parfois brisée, mais ardente,
Porte un courage simple,
une âme évidente.
Delaporte, lui, fut un mage des vocables,
Dont la plume traçait des charmes ineffables.
Comme Ron, il chérissait l’élan du cœur,
Et dans ses vers, il conjurait la peur.
Quand Ron, par l’amitié, sauvait ses compagnons,
Delaporte, en ses chants, donnait des chansons.
Ses Chants du marais, tel un serment ancien,
Portaient la chaleur d’un monde qui va bien.
Ron, loyal, affrontait l’ombre et le danger,
Delaporte, pédalant, bravait l’étranger.
Car écrire, c’est lutter, c’est choisir la lumière,
C’est refuser l’oubli, la nuit, la rivière.
Comme lui, il savait que le verbe est un don,
Qu’il faut porter, chérir,
comme un noble guidon.
Et si Ron sauva le monde par sa foi,
Delaporte, par ses vers, sauva l’âme de soi.
Sous l’onde, Ron nage, son écharpe écarlate,
Flotte comme un étendard, où l’écume éclate.
Votre Académie, en ce bain sidéral,
Est une confrérie où l’âme est un corail.
Comme en Apnée, où l’eau est une prière,
Votre sagesse vogue, portée par des harengs.
IV. L’Hermione : La Frégate de la Liberté
Mais parlons d’un vaisseau, l’Hermione altière,
Frégate de bois, née en Rochefort naguère.
Ce navire, symbole d’un élan libertaire,
Porta La Fayette vers un monde plus clair.
Comme le vélocipède, rouge et frémissant,
L’Hermione voguait, défiant le puissant.
Delaporte, à Trèves, loin des flots atlantiques,
Portait en son cœur des rêves héroïques.
L’Hermione, refaite par des mains charentaises,
Est un hymne au courage, aux âmes jamais laises.
Ses voiles, tel le verbe, captent l’anémois,
Et ses mâts, comme Yves, défient les lois.
Delaporte, pédalant,
était ce navire,
Un vaisseau de papier, un chant à écrire.
Ses Chants du marais sont des voiles d’écume,
Qui portent l’âme libre où l’espoir s’allume.
Sous l’onde, l’Hermione croise vos rivages,
Ses canons scintillent, où nagent des pageots.
Votre Coupole, en ce flot qui s’éploie,
Est un port d’azur où l’âme se déploie.
Comme en Apnée, où l’eau est un miroir,
Votre mémoire brille dans l’océan noir.
V. Pierre Loti : Le Frère des Flots
Revenons à Loti, l’errant des mers lointaines,
Dont les récits, comme Yves, apaisent nos peines.
Pierre, en ses voyages, cherchait l’âme des lieux,
Delaporte, en ses marais, trouvait des cieux.
Dans Mon frère Yves, Loti peint l’amitié,
Un lien plus fort que l’océan agité.
Delaporte, pareil, fut l’ami de sa terre,
Et ses poèmes sont des frères de lumière.
Loti, en ses romans, pleurait l’amour perdu,
Delaporte, en ses vers, chantait l’espoir rendu.
Si Loti s’enivrait des parfums d’Orient,
Yves-Denis respirait l’iode et le vent.
Pourtant, tous deux portaient une même blessure,
L’exil du cœur, que la plume seule suture.
Loti, marin, Yves, cycliste des plaines,
Unis par l’encre, par les mêmes haleines.
Dans Aziyadé, Loti rêve d’un ailleurs,
Delaporte, en ses marais, trouvait le même cœur.
Car le voyage n’est pas toujours
vers l’horizon,
Mais dans l’âme, où fleurit la vraie saison.
Et le vélocipède, rouge comme un désir,
Fut le vaisseau d’Yves pour l’éternel plaisir.
Sous l’onde, Loti vogue, ses voiles déployées,
Ses récits flottent, tels des astres noyés.
Votre Coupole, en ce flot où nagent des loupes,
Est un port d’azur où l’âme se regroupe.
Comme en Apnée, où l’eau est un miroir,
Votre mémoire brille dans l’océan noir.
VI. L’Héritage : Nager vers l’Infini
Mesdames, Messieurs, que reste-t-il de lui ?
Un vélocipède rouge,
un chant qui luit.
Delaporte nous lègue un trésor immortel,
La poésie, ce feu qui brûle sous le ciel.
Comme Camus, il fut un preux du Verseau,
Versant sur nous l’eau vive, l’espoir d’un flambeau.
Comme Ron, il porta la loyauté sincère,
Et comme Loti, il chanta la mer amère.
À Trèves, où Ausone louait la Moselle claire,
Où Marx brisa les chaînes de l’âme vulgaire,
Où ses aïeux hélvétiques, anabaptistes saints,
Portaient l’évangile en des temps décevants,
Delaporte pédalait,
son char rouge en avant,
Chantant l’homme libre, l’enfant, le vivant.
À Levallois, ses vers captèrent la lumière,
Comme un poisson-lion dans l’onde princière.
Son vélocipède, astre des routes rhénanes,
Roule encore, dans nos cœurs, dans nos âmes profanes.
L’Hermione, frégate,
vogue encor dans nos rêves,
Ses voiles captent l’âme des poètes en fièvre.
Et moi, sous cette mer, humble successeur,
Je prends son siège, mais non pas sa splendeur.
Car nul ne peut égaler ce poète rare,
Dont les vers sont des astres dans l’ombre
avare.
Alors, nageons, amis, sous le ciel de Trèves,
Chantons ses Chants du marais, jamais trop brèves.
Que son vélocipède, rouge comme un serment,
Porte nos âmes vers l’éternel moment.
Et que la langue française, qu’il servit si bien,
Reste, sous vos plumes, un phare pour demain.
Merci, Yves-Denis,
pour ton souffle et ta trace,
Ton vélo rouge, dans nos cœurs, jamais ne s’efface.
Et merci à vous, qui m’accueillez ce jour,
Pour que vive, en ces flots, l’éternel amour.