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jeudi 20 juin 2013

vers Menton mon taxi!

Ah
chaque 21 juin

c'est le même rituel

le milliardaire
téléphone

à la compagnie de taxis
tout proche
à Levallois-Perret

et demande un taxi

tout de suite

et attend
impatient

et tire la langue
aux
ancêtres

qui peuplent
le cabinet!

Ah
dans le grand Salon

palabre
la famille
se dispute

encore une lubie de vieux

et tous d'opiner du chef
et tous de s'interroger


tandis que les petits-enfants
jouent à l'avion

dans le couloir rose
de ce grand appartement!

Ah
papa

disent les enfants

si tu veux

prends ton Falcon
tu y es dans une heure

peine perdue

le vieillard
se cramponne

veut sa promenade
en taxi

à Menton!

C'est de la sénilité

ou un enfantillage

chuchotent les fils

peut être une maîtresse
cachée
dont il va fleurir la tombe

romantique
se soufflent les filles

et personne n'a deviné
encore
le secret

mystère!

Ah depuis quatre ans
c'est toujours le même manège

le vieillard part le 21 au soir

se baigne à Menton
et
revient le lendemain

gorgé de sel et de lumière

et ensuite
se tait


pendant un mois!

Juste une année il ne l'a pas fait!

Ah
le jeune chauffeur de taxi

vient d'arriver

et le milliardaire lui tend ses affaires
glacial

et le jeune homme
frémit
range les affaires

et demande
en tremblant

Monsieur veut aller?

A Menton

répond
en haussant les épaules

le vieil homme

et

le riche homme se met dans le taxi

et attend

et la voiture s'élance

et la famille le voit s'éloigner!

Ah rien à craindre
le chauffeur connaît son travail

se rassurent les enfants

et
dans la voiture

se tait le vieil homme

et le chauffeur sait
qu'il ne faut pas lui adresser la parole

et le soleil couchant
illumine

les cheveux
blonds

le nez aquilin

les yeux en amande

l'Apollon
déguisé
en
chauffeur

et le vieil homme soupire
en regardant la glace

il est si beau et gracieux
mon Charon

et le vieillard
prie

pourvu que ce soit lui
ma Mort

ce 21 juin

au soleil déclinant

vers Menton
mon taxi!

bagnard Poète!

Au loin

 

la Corderie Royale

bleue
meringue
rose

au loin
un arc-en-ciel
et
j'ai soupiré

et

 

sur les berges
de ce
fleuve gris
inexorable

 

je me suis assis et j'ai pleuré!

 

O

 

l'enfer sur la terre
vous le connaissez

la malaria
les moustiques
le bagne
la mort dans cinq, dix, quinze ans
vous la connaîtrez
peut être même
vous la souhaiterez
cette veuve
et rien qui vous ne distrait
le jour
sauf
peut être
la musique de vos chaines et de vos boulets
cadencée
et aucun amour terrestre
pour
vous consoler
la nuit
sauf quelques blondes madeleines
et vos mères qui meurent de chagrin
et vos enfants que vous ne verrez jamais grandir
et vos femmes qui pleurent votre absence
ou qui s'en moquent royalement
maintenant!

 

Ah

 

damnés de la cité
réprouvés de la civilisation
rejetés des familles
de cette ville
ce matin
sur les berges de ce fleuve
à travers les roseaux
je tente de deviner
vos cris
vos pleurs
je tente d'esquisser
vos espoirs
vos ombres

 

las

 

fantômes
vous vous taisez
et
vous ne traînez plus
dans ces lieux
et je ne vous reproche pas
criminels
de ne pas venir
le temps d'un poème
après tout

 

bagnards

 

vous avez passé votre temps
vous avez subi votre punition
vous êtes libres
à jamais

 

et moi
je tremble

 

Apollon est si terrible

 

et ma délivrance n'est pas encore venue
-un fauteuil à l'Académie
je l'espère!-

 

et sa chiourme
est
terrible
et
je peine
sous ses coups de fouet
et
j'écris des poèmes
sous sa férule
et
je compatis
toujours
et pourtant
à la fin
malgré tout
je
ris
ce matin

 

-espoir-
sur les berges
de ce
fleuve gris
inexorable-

 

et
enfin

je contemple
heureux
au loin

 

la Corderie Royale

 

bleue
meringue
rose

au loin
et je te remercie
Apollon
pour
cet arc-en-ciel
et
maudit dieu
je continue à 
œuvrer

 

élu

 

bagnard Poète!


   ****


Je composais tout en écoutant
Lady Gaga - Bad Romance

http://www.youtube.com/watch?v=qrO4YZeyl0I

mercredi 19 juin 2013

Aile ou la Cuisse Académicien!

Ah

lecteur insolent

si

tu me demandes

gentil

si tu m'interroges

mignon

qu'écoutes tu
Poète

comme Prozac

pour t'encourager
le matin

comme Zoloft

pour préparer

la venue d'Apollon

pour te soutenir
dans ta candidature

pour l'Académie Française?

alors

je te répondrais

lecteur
impertinent

chaque matin
chaque soir

je me prépare
je m'initie

avec un air de mon enfance

le Concerto Gastronomique
de Vladimir Cosma



et je revis
et je compose

merci Apollon!

Ah

je remercie le destin
de l'avoir vu

des centaines de fois

ce magnifique
film

avec Louis de Funès

et

avec
lui

je danse ce menuet
Académicien

et avec lui

je ris et je pleure
Académicien

et avec lui
je veux mourir

Aile ou la Cuisse Académicien!









MOLK Poète

Ah

quand
par hasard

je feuillette
mes livres
d'enfance

c'est toujours

d'abord
avec beaucoup de tendresse

que je te feuillette

que j'écorne
tes pages
jaunies
par le temps

que j'époussette
la poussière
et
les toiles d'araignée

-pardon ma pauvre!

que je t'ouvre
avec plein de respect

mon Livre de La Jungle!

Ah

c'est toujours un régal
de te
relire

Mon Livre de La Jungle

et avec beaucoup de joie

alors
je me mowglise

Mon Livre de La Jungle!

alors je redeviens
petit homme

Mon Livre de La Jungle!

alors je rêve tant
de te raconter
en histoires
avant
de dormir
à mon petit neveu!

Mon Livre de la Jungle!

Ensuite

c'est l'horreur

Mon Livre de La Jungle!

de tes images
de tes pages

Mon Livre de La Jungle!

de ton corps

Mon livre de la Jungle


suintent
des flots
du sang

Mon Livre de La Jungle!

et irrémédiablement

au bout d'un moment

j'entends
les
explosions de canon

et j'ai peur

les balles sifflent


et je ne vois rien

sinon

des corps humains


mélangés

également frères dans la mort


et je tombe!

Ah

Mon Livre de La Jungle!

sur tes pages
alors

Mon Livre de La Jungle!

je pleure

Mon Livre de La Jungle!

et

après

je maudis Kipling

d'avoir sacrifié
père Carhaginois
son fils
à la déesse Guerre Kali

-même les Spartiates n'en auraient pas autant demandé!

son Mowgli
au Serpent Kaa Discorde
d'avoir laissé son petit Toomaï
être écrasé par les éléphants Nations
d'avoir engendré son fils pour la Mort Messua

d'avoir outragé
ainsi
Mon Livre de la Jungle!

Ah

Pauvre Livre de la Jungle
tu n'y peux rien

mais alors je te délaisse avec joie

je sèche mes larmes


et je me promets
vainement
jusqu'à la prochaine fois


adieu Kipling,

MOLK Poète!

la Poésie est ma seule drogue !

Ah

mon Poète
réveille-toi
ne t'endors pas à la gare de Cognac
aujourd'hui
je suis à tes côtés
pianote
gentil rimeur
tout de suite
avale
ma fumée
rimaille moi
mon souffle
pas de temps à perdre

je t'inspire!

Et

vilain
ne me rétorque pas que la lune n'est pas pleine
méchant
ne braille pas que Phoebé boude
derrière les nuages
insolent rimailleur
ne bavasse pas que le soleil tarde dans la nuit
roi fainéant
ne brame pas
que tes doigts sont gelés ou gourds

peu
m'importe!

Transcris seulement mes paroles!


   ****


Ah

j'écoutais
les ordres
de
mon dieu blond
et je rageais
de me voir obéir
et je tremblais
de lui être dépendant
et je pleurais

en manque!



Ah

lecteur

la Poésie est ma seule drogue

je le reconnais
et Apollon est un dealer impitoyable
et me fourvoie dans
de terribles rêves
de jolis cauchemars
et je me réveille à chaque fois

dégoûté de moi

et je le maudis
et j'implore

qu'il m'oublie!

Et pourtant chaque matin
je suis content qu'il revienne
et je pianote

et je suis inspiré
et je rime

la Poésie est ma seule drogue!

Charles Perrault Poète!

Dans la grande maisonnée

ce matin

Cendrillon

on s'affaire
on range

on chuchote!

Dans la pimpante maisonnée

à dix heures

Petit Chaperon rouge

on balaie
on nettoie

on se tait!

Dans la gourmande maisonnée

Petit Poucet

à midi

on rôtit
on sert

on dessert!

Dans la belle maisonnée

Chat botté

à seize heures

on goûte
on s'affaire

on regarde
le soleil

se coucher!


Dans la calme maisonnée

Peau d'Âne

ce soir


on se prépare
on pleure

on prie!



Et la nuit n'amène pas le repos

dans la désolée maisonnée

on dort mal
on s'interroge

on refuse le rôle ingrat

d'annoncer

la nouvelle

demain

au Maître

Barbe bleue

insomniaque

la perte
de
son
fils
prodigue

au malheureux père

la mort
de
son
Absalom

au pauvre pécheur

la disparition
de

Pierre

au Poète

la ruine
de sa

Muse!

Souhaits ridicules!

Et pourtant, il faudra lui dire!


Et

en avance
déjà
à l'aube



la maisonnée

pleure

elle aussi

Charles Perrault
Poète!

Ausone souffle!

Ah

j'ai soufflé

de contentement

j'ai réussi mes examens

et le bus s'est mis à mon diapason

de joie

il a bondi
en venant à ma hauteur

lettre U
au panneau

si j'ai bonne mémoire

et j'ai vu s'éloigner

le campus
l'I.E.P.

Talence

et je me suis assis
tout au fond

et j'ai soufflé

et vingt ans
sont passés

en une seconde
en un souffle!

Ah

que me reste t'il
de

ces années d'étudiant

plus qu'un Diplôme dont l'original a brûlé
dans un garde-meuble

misère

tous mes amis se sont envolés

vers d'autres cieux

et peu d'entre eux se soucieraient de me retrouver
de toute façon

certains s'illustrent

Professeurs d'Université
d'autres
Administrateurs

et moi je végète

pauvre gestionnaire d'un Collège

qui veut de moi?

malheur

j'ai vieilli
ma calvitie grandit

peut être
sous peu

je porterai une perruque

à la Rentrée Prochaine

mes élèves vont encore rire
une nouvelle fois!

Ah

pourtant
je ne suis pas triste

et mon âme
y revient la nuit

dans mes rêves

à Bordeaux
à l'IEP

et je regarde
l'adresse

toujours

avec attention

dans mon sommeil

je la caresse

cette plaque
duveteuse

allée Ausone!

Ah


purpureisque salar stellatus tergora guttis
Poète

si je m'illustre
en Poèmes

c'est
en ton honneur

Poète Bordelais
rimeur Trévirois

toi qui places
chrétien
toujours
Apollon

tu me plais

toi
qui pleures
la Meuse

je t'aime

toi qui peuples
de nymphes
la Moselle

je t'adore

ton érudition indigeste me satisfait!

Ah

gentil précepteur
de Gratien
Préfet du Prétoire
Consul
Comitis

certes

tu as eu
une vie publique bien remplie

pourtant

gourmand
tu as chanté la bonne chère
les vins

pourtant
tu as tant composé

d'églogues
d’épîtres
de poésies!

O

je me mets
à ton diapason

modestement
je veux
te rivaliser

un jour
te dépasser

peut-être

et à mon réveil
je le sens encore

l' Ausone souffle!