Hymne à Saturne

Méfiez vous de Saturne

Le titan n'a pas l'air menaçant à première vue

Pourtant

Méfiez vous de Saturne

Ah

le jeune dieu a les cheveux aussi argentés

Que la lune

Se levant sur les Babylones en ruines

Et ses yeux dans la nuit brillent aussi dorés

Que mille bombes nucléaires

Fauchant les cités et les états

Méfiez vous de Saturne

Le titan n'a pas l'air menaçant à première vue

Pourtant

Méfiez vous de Saturne

Ah

Le jeune dieu a le souffle du zéphyr

Qui caresse les campagnes et fructifie les prés

Les récoltes se lèvent abondantes

Les maïs se dressent féconds

Les épis lourds des blés penchent

Les foins d'avoine se remplissent dans les granges

Avant la tempête qui fauche les récoltes et les champs

D'été

Méfiez vous de Saturne

Le titan n'a pas l'air menaçant à première vue

Pourtant

Méfiez vous de Saturne

Ah

Les secondes filent lentement

Dans la Maison de la Vierge

Les heures filent à la vitesse de la Lumière

Le jeune dieu se moque de la relativité

Les montres se gondolent

S'évanouissent

Au gré de sa faux

Les mondes

Naissent

Vivent

Meurent

Au gré de sa faux

Et il en rit taciturne.

Méfiez vous de Saturne

Le titan n'a pas l'air menaçant à première vue

Pourtant

Méfiez vous de Saturne

O

Apollon ce matin m'a convié à le rendre immortel en un hymne

Comme si un dieu n'est pas immortel au départ

Sacré Apollon

Mais je ne rechigne pas

Mais je persiste

Saturne n'est pas si dangereux

M'a dit le dieu blond

Voire

Je vais casser le mythe

Le dessiner jeune

Pas vieillard ergotant

Méchant

A l'âge d'un bambin

Aussi gentil apparemment qu'un chaton

Aux griffes

Qui grandissent cependant

Pendant ce poème

Aussi tranchantes que sa faux

A la fin

Coupant mon poème

A la fin

D'une queue de poisson

Méfiez vous de Saturne

Le titan n'a pas l'air menaçant à première vue

Pourtant

Méfiez vous de Saturne