Cour intérieure

Prends ta pipe d'hussard

A ton autel

Et une allumette longue

Et le briquet

Et descends vers ton royaume 

Vert

A l'intérieur de ta maison de ville 

La Cour intérieure.

Dans cet espace rempli de fleurs 

Et de livres

Nomades

Mets-toi 

A l'aise

Dans le blanc livide qui baigne la Cour intérieure

Et bourre ta pipe lentement

Et embrase le tabac miel

Et aspire et inspire le feu Salamandre

Et suspends

Dans un brouillard magique bleuté puis rosé puis orangé

Le temps présent 

Le passé et le futur

Dans ta dimension

La Cour intérieure.

Dans le crépuscule

Progressif

Souffle et médite

Et rêve

Dans les étoiles

En haut

Comme Dieu

Tout en bas

Ici

Suspends ton jugement

C'est ton domaine

Ton Nirvana

Ton lieu préféré de distraction

Baignée par la lune blonde

La Cour intérieure.

Ecoute le Silence et le Bruit

Et le brouhaha lointain

Et les discussions proches des voisins

Et

Dans la nuit qui enveloppe et tue 

Endors toi

N'aie pas de scrupule

Dans le sommeil

Tout s'éteint et meurt et ressuscite

Dans ton sommeil

Elle

Brille encore plus magnifique

La Cour intérieure.

Et au réveil

Sans tabac

La pipe morte à terre

Les cendres grises et froides

Le foyer éteint

Demain

A l'aube

Ne pleure pas 

Mais

Plutôt

Contemple 

Le soleil

Qui inonde peu à peu la Cour intérieure

Et  reconquiert avec toi son domaine

Les glycines, les plants sauvages, la tasse de café éventrée et les livres au sol

Conquistador

La jungle domestique t'appelle

Navigateur

Elle t'appelle 

Sirène civilisatrice

Nouvel Ulysse

Ta Méditerranée ou ta Baltique

Ta Cour intérieure.