Ce matin
à la lumière crue de l'été
le parolier
est content
au ciel bleu de l'été
le chansonnier
se réjouit!
Et il répète chaque mot lentement!
Et il se redit chaque phrase intérieurement
Et il déclame son air suavement - en fait de lui-même content!
Cette chanson est si triste - si triste à mourir- si triste...
Sa chanson le fait pleurer rien qu'en la lisant!
Des vraies larmes attendries!
Et à midi le chansonnier se demande
qui va chanter
enfin
la mortelle symphonie
qui va porter
enfin
la tunique de Nessus
ensanglantée
qui va oser
enfin
chanter
à la lumière de la Mort
un air si simple
un air si mélancolique
à l'ombre de la vie!
Et maintenant le parolier s'interroge ce soir
c'est clair
son œuvre le dépasse!
Et il est mécontent
il le sait
il condamne à la Mort l'interprète
son chanteur!
Et s'il jetait
au feu
la partition
et
les paroles
et
le sort...
tout serait si simple?
Et
depuis
à
chaque fois qu'il l'entend
son succès
à la RADIO
maintenant
il le sait condamné!
Et
depuis
à
chaque fois qu'il l'entend
à la RADIO
son chanteur
maintenant
il pleure
et maudit son inspiration
qui tue un jeune homme
lentement
comme un liseron
tue un lys blanc
surement
et il prépare déjà
sa réponse
au Dieu tout puissant
qui lui demandera
nécessairement
des comptes
à son Lazare
Qui saura...