Reviens
Divine créature
Reviers
Serpentine Gente
Reviens
Bête maline
Dans mon ile rouge de pommes et verte de roses
Reviens
Tentateur Mal
Tu es moins dangereux que les hommes
Serpent
Tu nous manques déjà
Pleurait le moine
En voyant s' éloigner les serpents
De son île
En voyant les serpents nager
Vers la Cornouaille ou l'Amérique
Pleurait
Sur son ile déjà déserte d'eux
- Il n'y a qu'un saint pour les pleurer
Ses frères serpents venimeux absents
Depuis
Il en est plus grand encore -
Saint Patrick
Au labyrinthe des retours
On s'y amuse
Au labyrinthe de la Vie
On s'y joue
Au labyrinthe des amours
On s'y muse
Au labyrinthe des victoires
On s'y perd
Au labyrinthe des défaites
On s'y gagne
Au labyrinthe de la Mort
On s'y reprend
Au labyrinthe des retours
On y pleure
Que Mars traine trop encore
Pluvieux et nébuleux
Encore !
Au labyrinthe des retours
On y rit
Le Printemps arrive imperceptiblement
Dans les jurons de Mars
Et les bourgeons
Au labyrinthe des retours
Apollon me dit
Poète
Allez un tour encore...
Au labyrinthe des retours.
Plouf-plouf des enfants qui jouent
Tic-tac de l'horloge
Ronron du chaton
Dodo du Poète
Mars trop mimi.
Plante un amandier ou un prunier ou un cerisier ou un pommier ou un poirier
A l'aube
Dans ton jardin
Pas seulement
Pour les fruits ronds
Pas seulement
Pour les bocaux
De confiture ou de pickles
Pour de l'argent pas seulement pour de l'argent
Sur le marché
Pas seulement...
Plante un amandier ou un prunier ou un cerisier ou un pommier ou un poirier
A l'aube
Dans ton jardin
Pas seulement
Pour le bois mort
Qui se consume
Dans la cheminée
Buche toute rouge haletante
De souvenirs d'été
Pas seulement
Pour le bois brulé
Qui embaume la cuisine, le salon et la maison
Pas seulement...
Plante un amandier ou un prunier ou un cerisier ou un pommier ou un poirier
A l'aube
Dans ton jardin
Avoue le
Plaisir inutile
D'abord
Plante un amandier ou un prunier ou un cerisier ou un pommier ou un poirier
A l'aube
Dans ton jardin
Pour les contempler
Gratuits
En fleur
Avec des abeilles tournant autour des pétales
Frêles esquifs
De l'hiver
Couverts de neige encore
Au soleil doux de midi
En février ou en mars d'or
Plante un amandier ou un prunier ou un cerisier ou un pommier ou un poirier
A l'aube
Dans ton jardin
Et aussi un olivier...
La meilleure défense pour un royaume?
L'enfant gratte la terre d'un bâton
La meilleure attaque pour un royaume?
L'enfant tourne autour de l'arbre
Le meilleur système guerrier offensif ou défensif pour un royaume
Se dit l'enfant du Morvan
En contemplant émerveillé
Une bogue de châtaignes
Vauban
Porte du Soleil
J'aime
Sur le Marché de Rochefort
L'odeur
De la menthe fraiche et des litchis rubiconds
L'odeur
Du citron pressé et des chauds marrons
L'odeur
Des amandes grillées et du humble potiron
L'odeur
Des choux et du thym et des oignons
L'odeur
Des poissons argentés et des crabes blonds
L'odeur
Du lait chaud et du pain bis au son
L'odeur
Des écrevisses et des tourteaux et des joncs
L'odeur
Des chichis, de la vanille et des pralinés
Mais Apollon
Mais encore plus
Plus que tout
J'aime sur ton Marché
J'aime l'odeur
Pain grillé
Du café torréfié
Ma récréation
Toujours de Seize heures
A Levallois
L'odeur ensorcelante
L'odeur magique
L'odeur poétique
L'odeur
Pain grillé
Du café torréfié
J'aime sur le Marché de Rochefort
Porte du Soleil.
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
Ils ont abandonné l'abbaye de Saint-Gall
Pas un sou en poche
Ils sont partis
De leurs foyers
La Bible en tête
Les anabaptistes
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
A travers les Alpes brumeuses
Ils se guidaient à Dieu et à Vénus là haut
Ils ont suivi le Rhin intrépide puis la Meuse langoureuse puis l'Escaut lapidaire
Ils allaient à contre-courant
Les anabaptistes
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
Ils s'installaient dans un coin
Locataires, jamais propriétaires
Ils restaient quelques années
Tenanciers
Dans le Jura puis l'Alsace puis les Flandres
Jamais satisfaits
Ils repartaient
Toujours vers le nord
Ils évitaient en tout cas Munster
Un état théocrate finit toujours mal
Les anabaptistes
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
Ils s'enrichissaient
Puis ils vendaient
Puis ils partaient
Ils n'ont eu bientôt comme frontière
Que la mer du nord et la Baltique
Toujours poissonneuses
Chargées de navires et de pirates
Les anabaptistes
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
Inquiétés par les Princes
Et les catholiques et les luthériens et les calvinistes
Ils louvoyaient entre les églises
Et ne baptisaient leurs enfants qu'adultes
Ils disparaissaient et se confondaient dans la nature
Ils ne se fiaient qu'à eux-mêmes
Peut être trop orgueilleux certainement.
Les anabaptistes
Ils sont partis du Lac de Constance
Un matin blême
Ils ont pérégriné un siècle
De Suisse jusqu'en Frise
Ils ont erré
Maintenant
Ils ne sont que des noms
Sur mon arbre généalogique
Ils ont fondu discrets
Dans le paysage
Ils se dissimulent
Dans le passé, le présent et le futur
Ils ne sont plus que poussière dans des tombes
Aux lettres parfois effacées
Attendant l'aube radieuse
Revenants revenus
Sur le Lac de Constance
Attendant l'aube radieuse
Mes ancêtres
Les anabaptistes