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vendredi 1 juillet 2016

André Breton



C’est le jour de l’inspection
Et l’Inspecteur Général
Est arrivé de bon matin
Et accompagné du Proviseur
Il contrôle les connaissances
Et regarde les cahiers
Et interroge au hasard les élèves
Et le professeur examiné tremble
Et regarde dehors
Pour une fois lui aussi
Le ciel bleu
Le soleil doré
Les feuilles argentées du Printemps
La Cour de récréation
Pour ne pas céder son humeur à Phobos.

Vous là
Oui vous
Parlez-moi  donc des proscriptions
A l’époque de la République romaine…

Lesquelles Monsieur l’Inspecteur Général ?

Celles de Sylla…

Et l’enfant avec gourmandise cite quatorze noms
De sénateurs, de chevaliers, de tribuns
Égorgés
Aux pieds des statues ou des temples.

Bien jeune homme et celles de Marius…

Et l’enfant avec  délectation cite quatorze noms
De sénateurs, de patriciens, de tribuns
Egorgés 
Aux pieds des statues ou des temples.

 Il est sanguinaire cet enfant
Dit le Proviseur
A voix basse
A l’enseignant contrôlé

Oui c’est un bon élève
Il a des talents littéraires certains
Mais il est un peu dérangé.

Bien mon petit ami
Citez moi donc des papes
Du Moyen-âge.

Et l’enfant avec grand plaisir
Cite quatorze noms de pontife
Leurs dates de naissance et de mort
Et même détaille leurs blasons.

Très bien mon enfant
Vous êtes un puits de savoir
Mais je veux aussi juger votre capacité de jugement
Votre personnage préféré dans les Misérables ?

Javert,  Monsieur l’inspecteur Général

Développez donc monsieur.

Le tigre légal rugit en moi
Répond simplement l’enfant.

En fait il deviendra Commissaire de police
Sourit le Proviseur
Ou Pape rigole en douce l’Inspecteur Général
Comment s’appelle ce petit génie ?

André Breton soupire l’enseignant pas convaincu.

mercredi 29 juin 2016

J’ai pleuré…


Ce  matin
L’étourneau
Est passé
L’oiseau
A mes miettes
S’est rassasié
A mon eau
Quelques secondes
A  ma porte
L’oiseau est resté
Près de moi
J’ai pleuré…

Ce  matin
Le moineau
Est passé
L’oiseau
A mes miettes
S’est rassasié
A mon eau
Quelques minutes
A ma fenêtre
L’oiseau est resté
Près de moi
J’ai pleuré…


Ce  matin
Le canari
Est passé
L’oiseau
A mes miettes
S’est rassasié
A mon eau
Quelques jours
Dans ma  cage
L’oiseau est resté
Près de moi
J’ai pleuré…


Ce  matin
Le rouge-gorge
Est passé
L’oiseau
A mes miettes
S’est rassasié
A mon eau
Pour la vie
Sur ma bêche
L’oiseau est resté
Près de moi
J’ai pleuré…

mardi 28 juin 2016

Tu seras Philosophe mon fils !….



Oh le bel ânon
Dit l’enfant
Si Dieu pouvait être aussi gentil
Que lui
Dit le petit Frederich.
Au zoo de Berlin
En le caressant.

Ne sois pas insolent
Frederich
Dieu un âne 
Blêmit la mère.
Si ton père était là encore…

Bah
Ne le gourmandez pas
Intervient un vieil homme  distingué
Chère
Madame
Ce n’est pas méchant
 Un âne
C’est grand
Je vais le bénir
Dit le vieillard
En lui posant la main sur la tête.

Que Dieu te bénisse mon enfant
Et t’aime
Comme moi j’aime mon chien
Tu te nommes…

Frederich  Nietzsche

Bien Frederich je te bénis
Et le vieux monsieur parle tout bas
Indistinctement

Puis s’en va
En riant
Son chien devant lui…

Qui est cet hurluberlu  s’interroge la mère interloquée

Bah encore un de ces philosophes inutile
Dit un passant
Avec un béret
Un de ces parasites
Qui vivent à nos crochets
Et se moquent de tout 
La France a ses Poètes idéalistes, nous nous avons nos Philosophes athées
Tout cela nous mènera à notre destruction…
Schopenhauer  il me semble,  son nom.

 Et Frederich  de continuer  à caresser la tête de  l’ânon
Et de ressasser la bénédiction que lui seul a entendue

Tu seras Philosophe mon fils !….

lundi 27 juin 2016

Homère a raison !



Feu

Et l’on entend un corps tomber
Dans les broussailles et les rosiers

Feu

Et les soldats s’approchent
Pour tirer la dernière salve…

Réveille-toi
Tu n’es pas drôle

S’emporte l’un des tireurs de dix  ans.

Mais la victime ne bouge pas

Et les cris fusent

Madame, Honoré  ne veut pas se réveiller !

Honoré tu n’es pas drôle
Dit la mère
Cesse donc  tes jeux stupides
Tu as encore endommagé les rosiers
Tu as encore ensanglanté les jolis roses
Blanches de Châteaubriant
De ton grand-père…

Honoré réveille-toi c’est un ordre..

Mais l’enfant ne bouge pas

Honoré fait encore des siennes
Papa !

Honoré ce n’est pas un jeu
Dit le grand-père
Réveille-toi
Toujours à jouer à la guerre civile
Ce gamin
Décidément
Toujours
Dans
Les guerres de Vendée
Le drapeau blanc
Les morts, les fusillés
Vous n’avez rien d’autre à faire !

Et Honoré se réveille
Au contact de la canne grandpaternelle

J’ai fait un beau rêve…dit-il en prenant la poudre d’escampette !

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Antoine, ne le dis pas à mon grand-père
Dit l’enfant haletant à son cousin
Qui court avec lui
Dans les vaps
Je rêvais que je mourais
Fusillé
En chantant la Marseillaise
Ne le dis pas à mon grand-père il me traiterait  
De Petit  traitre
Je rêvais que je mourais donc
Fusillé
Tenant l' oriflamme de Saint Denis
De la main droite
En chantant la Marseillaise
Trois étoiles me guidaient au Paradis…

Celles de ton blason Honoré ?

Exactement, écoute Antoine :

De gueules, à la bande, accompagnée en chef d'un gland tigé et feuillé et en pointe d'un besant, le tout d'or ; au chef cousu d'azur, chargé de trois étoiles du second.  

Bah les rêves , c’est idiot Antoine, moi chanter la Marseillaise!

Moi Honoré  je rêve d’un petit bonhomme  blond, d’une rose et de  plein de planètes
Toutes les nuits
Il y a même un renard
C’est encore plus idiot !

Bah les rêves, c’est idiot  Antoine ! Homère a raison !

 Et les deux cousins d'opiner.

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Bah ne vous inquiétez donc pas pour Honoré
Monsieur le Comte
Nous fusillerons plein de républicains demain
Pour la belle
S’exclame l'un des enfants revanchard
En quittant le château.

vendredi 24 juin 2016

Entre Saint Louis et Philippe Auguste


Entre les deux colonnes


Entre Saint Louis et Philippe Auguste



Ma tête
Balance
De droite à gauche
Dans le berceau
Grand 
De gauche à droite

 Entre les deux colonnes

Entre Saint Louis et Philippe Auguste

Je pleure
Alors que
Passent les heures
Et le soleil
Sur le cours de Vincennes
Dans le landau

Entre les deux colonnes


Entre Saint Louis et Philippe Auguste

Je ris
La pluie lustrale
Mouille mon bonnet rouge
Et mon cœur
Malgré le ciré plastique jaune
Vite rabattu


Entre les deux colonnes

Entre Saint Louis et Philippe Auguste



 Place de la Nation
Je me souviens
Entre les deux colonnes
De 28 mètres de haut
Je calcule
Entre Saint Louis et Philippe Auguste
Je reviens 
Sur la Place du Trône


Entre les deux colonnes


Entre Saint Louis et Philippe Auguste


Les photos jaunissent depuis
L'automne arrive toujours chargé de tons chauds
Le bleu azur et les trois  soleils dorés me font toujours pleurer


 Entre les deux colonnes

Entre Saint Louis et Philippe Auguste!

jeudi 23 juin 2016

PHILIPPE LE BEL



Le roi se meurt, le Prince meurt, Philippe meurt
Et il a réuni ses trois fils
Il va désigner son successeur
Le plus apte
Il va les examiner
Un à un
Sonder leurs âmes
Au mépris des lois de succession usuelles
Il va choisir son successeur…

Il a perdu deux fils
Grand chagrin
Son ainé Louis  et Robert
Il lui en reste trois
Philippe, Charles et Louis
Ils sont assez grands
C’est assez
Pour faire son jugement.

Louis mon enfant
Tu n’as que huit  ans
Si tu es roi
Mon enfant…

Si je suis roi
Sire mon Père
Mon royaume sera bien administré
Mes Lys seront florissants
 Dans la rosée du matin
Ils croitront innocents
Sire le Roy
Pas de guerre, que la paix
Mes Lys  prospéreront candides
Aussi doux qu’un agneau 

Susurre l’enfant !


-          Un peu trop sage
          Déjà  à son âge
Pense le Monarque malade

Charles  mon enfant
Tu n’as que douze  ans
Si tu es roi
Mon enfant…


Si je suis roi
Sire mon Père
Je guerroierai sans cesse
A
Chypre, Jérusalem, Constantinople
L’Italie
L’Allemagne
Cipango
Dans
Le monde entier
Mes lys seront guerriers
Sire le Roy
Mes Lys seront pourpres
Du sang
De mes ennemis

S’exalte l’enfant !



-          Un peu trop fantasque et sanguinaire
          Déjà à son âge
Pense le Monarque malade

Philippe  mon enfant
Tu n’as que quatorze    ans
Si tu es roi
Mon ainé 
Mon enfant…

Si je suis roi
Sire mon Père…

Les lys de France…

 La Justice !

Laisse
Laconiquement
Ces paroles
Tomber  l’enfant  



Et il regarde son père
Sans sourciller
Aussi froid que le marbre
Aussi beau
Qu’une statue
De ces cathédrales
Qui germent partout en France
Aussi furieux qu’un de ces archanges
Qui de son pied albe foule Satan
Et lui plonge l’épée dans ses flancs
Terrifiant malgré ses quatorze ans

 Et il pense et son père comprend bien le reproche voilé 

Comment as-tu  osé penser  à me déshériter ?



-          Il sera terrible et beau  je le pressens
                         Philippe 
           Aussi terrible qu'un roi 
                      Philippe  IV
             Aussi beau qu'un roi
                     Philippe le Bel

 Juge le Monarque père qui peut enfin mourir l’âme en paix !

mercredi 22 juin 2016

Tout de suite !


Le merle
Mon
Copain
Habituellement
Mon ami moqueur
Aujourd’hui
Me dédaigne
Dédaigne
Mes fruits
Dédaigne
Mes cerises…

Merle moqueur
Mon merle roi
C’est le Temps des cerises
 Je t’ordonne d’aimer mes cerises
C’est le Temps de Juin
Mange mes fruits
Oiseau de malheur…

Tout de suite !

Mais il me dédaigne
Mais il dédaigne mes fruits
Trop acides
Mais il dédaigne mes cerises
Trop aigrelettes

Merle moqueur
Mon merle roi
C’est le Temps des cerises
 Je t’ordonne d’aimer mes cerises
C’est le Temps de Juin
Mange mes fruits
Oiseau de malheur…

Tout de suite !

Mais il me dédaigne
Mais il dédaigne mes fruits
 Trop orgueilleux
Mais il dédaigne mes cerises
Trop vaniteux

Et il me siffle

Poète

De tes cerises
De tes fruits
De toi

Assez !

Merle moqueur

Mon merle roi
C’est le Temps des cerises
 Je t’ordonne d’aimer mes cerises
C’est le Temps de Juin
Mange mes fruits
Oiseau de malheur…

Tout de suite !


Mon merle n'en a cure

Mon merle s'envole

Me laisse seul à mes chagrins et à mes peines

Mon merle rit snob

Mon merle me dédaigne conservateur

Il aime les poètes heureux
Il aime les fruits bien ensoleillés
Il aime les cerises bien rouges

Mon merle  trop conservateur !

Merle moqueur
Mon merle roi
C’est le Temps des cerises
 Je t’ordonne d’aimer mes cerises
C’est le Temps de Juin
Mange mes fruits
Oiseau de malheur… 

Je peine 

Maudit Apollon
J’abandonne

 Ou muris-moi

Mes cerises

Tout de suite !