Feu
Et l’on entend un corps tomber
Dans les broussailles et les rosiers
Feu
Et les soldats s’approchent
Pour tirer la dernière salve…
Réveille-toi
Tu n’es pas drôle
S’emporte l’un des tireurs de dix ans.
Mais la victime ne bouge pas
Et les cris fusent
Madame, Honoré ne
veut pas se réveiller !
Honoré tu n’es pas drôle
Dit la mère
Cesse donc tes jeux
stupides
Tu as encore endommagé les rosiers
Tu as encore ensanglanté les jolis roses
Blanches de Châteaubriant
De ton grand-père…
Honoré réveille-toi c’est un ordre..
Mais l’enfant ne bouge pas
Honoré fait encore des siennes
Papa !
Honoré ce n’est pas un jeu
Dit le grand-père
Réveille-toi
Toujours à jouer à la guerre civile
Ce gamin
Décidément
Toujours
Dans
Les guerres de Vendée
Le drapeau blanc
Les morts, les fusillés
Vous n’avez rien d’autre à faire !
Et Honoré se réveille
Au contact de la canne grandpaternelle
J’ai fait un beau rêve…dit-il en prenant la poudre d’escampette !
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Antoine, ne le dis pas à mon grand-père
Dit l’enfant haletant à son cousin
Qui court avec lui
Dans les vaps
Je rêvais que je mourais
Fusillé
Fusillé
En chantant la Marseillaise
Ne le dis pas à mon grand-père il me traiterait
De Petit traitre
Je rêvais que je mourais donc
Fusillé
Tenant l' oriflamme de Saint Denis
De la main droite
Fusillé
Tenant l' oriflamme de Saint Denis
De la main droite
En chantant la Marseillaise
Trois étoiles me guidaient au Paradis…
Celles de ton blason Honoré ?
Exactement, écoute Antoine :
De gueules, à la bande, accompagnée en chef d'un
gland tigé et feuillé et en pointe d'un besant, le tout d'or ; au chef
cousu d'azur, chargé de trois étoiles
du second.
Bah les rêves , c’est idiot Antoine, moi chanter la
Marseillaise!
Moi Honoré je rêve d’un
petit bonhomme blond, d’une rose et de plein de planètes
Toutes les nuits
Il y a même un renard
C’est encore plus idiot !
Bah les rêves, c’est idiot Antoine ! Homère a raison !
Et les deux cousins d'opiner.
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Bah ne vous inquiétez donc pas pour Honoré
Monsieur le Comte
Nous fusillerons plein de républicains demain
Pour la belle
S’exclame l'un des enfants revanchard
En quittant le château.
Les songes, cher forain, ont un sens nébuleux ;
RépondreSupprimerLeur accomplissement est chose aléatoire.
Deux portes vont s’ouvrant à ces spectres légers ;
L’une est faite de corne, et l’autre est en ivoire.
Ceux que l’ivoire opaque envoie en messagers
Sont trompeurs, et jamais ils ne se réalisent.
Mais ceux qu’a dépêchés le portail transparent,
Au mortel qui les voit la vérité prédisent.
De ce côté ne sort mon rêve incohérent ;
Pour mon fils et pour moi, sinon, quel vif délice !
Traduction de Ulysse de Séguier, 1896
Air - Johann Sebastian Bach
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=rrVDATvUitA&feature=youtu.be