Pleur'Café

Ah mon café est trop sucré

Ce matin encor

Il fait frais

En Mai

Je pleure

Sous les lilas en fleur...

Ah mon café est trop amer

Ce matin encor

Il fait frais

En Mai

Je pleure

Sous les sureaux en fleur...

Ah mon café est trop acide

Ce matin encor

Il fait frais

En Mai

Je pleure

Sous les rosiers en fleur...

Ah mon café n'a pas de goût

Trop dilué 

Bah

Je ris

Adieu Mai

L'été arrive

Adieu les larmes

Les Gémeaux arrivent

Adieu le désespoir

Juin arrive

Apollon arrive

Roland-Garros arrive

Je ris

A l'aube chaude

Sous les chèvrefeuilles  en fleur

Indifférent

Je touille 

Encor et encor

Mon  Pleur'Café.

Viens Ulysse Chantaient les sirènes Viens Ulysse...

 Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse

Héros

Rejoins nous

Dans nos chants

Tu es comme nous

Humain et divin

Oiseau et poisson

A la fois

Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse

Rejoins nous

Inconnu roi

Tu ne crains rien

De nous

Merveilles est notre monde

Splendides

Brillent dans les Sargaces

Nos palais d'or et d'argent

Nos voix sont lyres divines

Même les dieux sont impuissants

Face à nos chants

Même Zeus nous craint

Plonge, rejoins nous

Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse

Rejoins nous

Filles d'Apollon

Nous sommes compatissantes

Rejoins nous

Nous soulageons par nos chants

De la guerre, de la misère, de l'ignorance, de la vie pesante

Les marins

Par nos chants nous guérissons irrémédiablement

Au fond des mers

Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse

Mais là n'est pas notre secret

Ami

Mais là

N'est pas notre richesse véritable

Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse

Nous accordons

A ceux qui nous écoutent

Et ne nous rejoignent pas

La gloire éternelle

Avant l'aube

Rêve tes voyages, rêve ton épopée

Rêve Troie, rêve-toi

Rêve Ithaque, Pénélope et Télémaque

Rêve tes ruses, rêve ton Poète aveugle

Qui recueillera tes mondes

Grâce à nous

Rêve nous

Nous réaliserons tes rêves

Si tu refuses de nous rejoindre

Décide

Maintenant

Ulysse

Plonge ou reste

Dans nos chants

Viens dans les abysses ou rêve

Décide-toi

Viens Ulysse

Chantaient les sirènes

Viens Ulysse...

Et Ulysse pleurait

Ce matin

Eclaboussé par les poissons volants

Réveillé

A l'aube

Par le soleil au loin sur la Crète

Désenchanté

Les cordes avaient fonctionné

Mais

Lui seul

Vivant

Il connaissait

Enfin

Le secret des sirènes

Vermeil.

La nuit Je m'ennuie la nuit

 La nuit

Je m'ennuie la nuit je m'ennuie la nuit

Je m'ennuie

Jusqu'à l'aube rouge

La nuit

Dans mon bocal transparent

Je m'ennuie la nuit je m'ennuie la nuit

Je m'ennuie

Baleine reine

Je m'ennuie

Dans les opiacés de la lune

Et ses baïnes orange

Je m'ennuie la nuit je m'ennuie la nuit

Je m'ennuie

Petit poisson abyssal

Attendant le feu du matin

Les pierres que l'on frotte

Sur le bois mort

L'étincelle qui fuse

De l'aube

La brochette qui fume

Fini alors

Je m'ennuie la nuit je m'ennuie la nuit

Je m'ennuie...

Rien ne vaut une fleur

 Rien ne vaut une fleur

Pensait Alexandre

Même pas

Les flots de sang

Même pas

Persépolis

Même pas

L'ambroisie

Même pas

L'orient ou l'occident

Rien ne vaut une fleur

Pensait Alexandre

Grand

Enfin

Le Grand

Enfin

Facile

 La Poésie est facile

Facile

Si facile

Que les Poètes ne le disent pas

Volontiers

Facile

En un quart d'heure réglé

Facile

Quand Apollon vous sourit

Mais encore

Faut-il

Qu'Apollon

Vous sourit

Facile

Mais encore

Faut-il pleurer ou rire

A volonté

A sa volonté

Facile

En fait pas tellement

Facile.

Au square Parat

 Nomade

Mon dieu Apollon s'assied

Près de moi ce matin

Au square Parat

Nomades

Les livres au soleil

M'endorment à midi

Au square Parat

Nomades

Les fracas de tamponneuse

Portés par le vent s'adoucissent

Au square Parat

Nomades

Les plaques d'herbe sauvage

Défilent au sol kaléidoscopiques chaque saison

Au square Parat

Nomades 

Les voitures se garent, s'en vont, reviennent

Tout près

Sur le parking de Roy Bry

Au square Parat

Nomade

Le Petit Prince

Serait bien heureux lui aussi 

Entouré de  tant de  fleurs

Au square Parat

Nomade 

Le kiosque de musique

Serait si bien, mieux

Sur la Place Colbert

Au square Parat

Nomade

Cet air Degrassi remontant du temps

Au coucher de soleil

Me fait triste fredonner

Au square Parat

Nomade

Mon dieu Apollon s'assied

Près de moi aujourd'hui

Au square Parat

 

Sur le Pont de Saint-Cloud...

 Sur le pont de Saint-Cloud

Pensais-je

Ne passent plus les rois maudits

Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

Sur le Pont de Saint-Cloud

Pensais-je

Ne fraudent plus  ni Renart ni Tybert ni Ysengrin 

Envolés eux aussi dans les contes

Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

Sur le pont de Saint-Cloud

Pensais-je

Ne chantent plus troubadours et ménestrels

Pierre le normand est bien mort un matin lui aussi

Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

Sur le pont de Saint-Cloud

Pensais-je

Le lundi le Parc est désert

Toujours désert

Le lundi matin

Tout est mort, tout est vide, tout est solitaire

Tout est parti en fumées

Comme Napoléon,  le château de Saint-Cloud

Ou les tas de feuilles mortes que les jardiniers brûlent le matin

-Fumée âcre qui fait pleurer-

Dans le Parc de Saint-Cloud

Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

Sur le Pont de Saint-Cloud

Pensais-je

La semaine prochaine

Il me faudra remonter la  pente abrupte

Samedi prochain

Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

Sur le Pont de Saint-Cloud

Pensais-je

J'y retourne parfois

Dans les rêves

Descendant la butte de Saint-Cloud

 Pensais-je

Et je maudis le temps et la Seine 

Qui passent sous le pont de Saint-Cloud

Inexorables et implacables

Pensais-je

Que vaut le Pont Mirabeau à côté du Pont de Saint-Cloud?

 Pensais-je

Descendant

La butte de Saint-Cloud.

 Sur le pont de Saint-Cloud

 Pensais-je

J'y reviens

Le temps d'un poème 

Revenant

Qui lui aussi s'évanouira

 Pensais-je

Comme la brume au soleil obséquieux du mois de Mars

Sur le Pont de Saint-Cloud...