Passant
Du clair de lune
Toi qui traines tes pas
Par hasard
En Saintonge
Toi qui pérégrines
Malencontreusement
En Aunis
Près d'un étang, d'un lac
Ou d'une flaque
Passant
Au clair de lune
Prête attention
Et
Ecoute au loin
Se lamenter
Pleurer
A travers
Le clapotis tiède et les croassements batraciens
Les ganipotes.
Mais ne va plus loin vers elles...
Ah
Ne te précipite pas
Ami
Dans l'eau transparente et rassurante
Eclairée par la lune
Tiens toi au contraire ferme
Sur les rives
Les lavandières maudites
Oeuvrent
Les naufrageuses travaillent
Les ganipotes.
Mais ne va plus loin vers elles...
Ah
Elles tapent, frappent et refrappent l'étoffe
Jadis candide
Des draps
Salis par la boue du temps
Les âmes
Flétries par la gadoue du Mal
Ne t'approche pas plus loin¨
Elles sont dangereuses
Les ganipotes
Mais ne va plus loin vers elles...
Leurs laines
Ce sont les âmes des noyés
Jouets
Qu'elles emprisonnent, qu'elles capturent et qu'elles étouffent
Araignées
Leurs textiles
Ce sont les malheureux
Qu'elles attirent enjouées saturniennes
Par leurs mélodies mélancoliques.
Détourne-toi, évite les
Elles sont périlleuses
Les ganipotes,
Mais ne va plus loin vers elles...
Ah
Compagnon de douleurs
Tu es tombé dans le piège
Passant éploré sous le clair de lune
Le temps d'un poème
Tu es tombé dans leurs charmes
Les ganipotes sont mortelles
Je t'avais prévenu
Les ganipotes des lacs, des étangs et des flaques
D'Aunis et de Saintonge
Tu les expies en ce moment
Les ganipotes.